San-Antonio vu par François Boucq, c’est toute une histoire. Et un Artbook, mais un retour en arrière s’impose. Au début, celui des Souris ont la peau tendre, de Rue des macchabées ou de Fleur de nave vinaigrette, les couvertures de San-Antonio, flic de choc, beau gosse, tombeur, fils fidèle, ancien résistant, indestructible, étaient dans la plus pure tradition Fleuve Noir. Un format poche que Gourdon dessinait donnant un ton à la collection que Frédéric Dard signait sous pseudo.
Arrivera plus tard un autre sacré loustic côté dessin, Dubout, qui, lui, illustrera L’Histoire de France vue par San-Antonio, Béru-Béru ou Les Vacances de Bérurier avec sa femme, Berthe, gentiment surnommée la Baleine. Du grand art parce que Dubout avait su s’approprier les personnages comme il l’avait fait pour les affiches de la trilogie de Pagnol, Marius, César et Fanny. On passe sur la suite pour les couvertures, banales en diable hormis celles bien sûr, parfaitement dans le ton, d’un certain Wolinski. Et oui, du beau boulot. Jusqu’au jour, au début de ce siècle, où Boucq les réinvente ces couvertures et leur donne son crayon pour les redessiner. Et alors là, on exulte. Le commissaire et sa troupe d’improbables façon Dard se repayent une jeunesse. D’où cet Artbook, on y vient enfin, qui les rassemblent, préfacé par Antoine De Caunes et par une interview qu’il avait réalisé avec Frédéric Dard. François Rivière, grand spécialiste du commissaire, s’est chargé de la postface et Eric Verhoest d’un article bien trempé sur Boucq, sa façon d’appréhender le sujet, le travailler pour en arriver à des scènes d’anthologie capable de donner envie de lire le polar, de donner un ton drôle et décalé.
Artbook Boucq, Tome 1, San-Antonio, Champaka Brussels – Dupuis Aire Libre, 28,95 €

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