Interview : Après Mondrian, Lapone dessine Gentlemind avec Teresa Valero et Juan Díaz Canales

Antonio Lapone est un dessinateur qui a sa propre ligne claire, enthousiasmante, musicale presque, et bien à lui. On se souvient de Greenwich Village et d’Adam Clarks. Il vient de sortir La Fleur dans l’atelier de Mondrian (Glénat) avec Jean-Philippe Peyraud. Un peintre méconnu Mondrian, auquel Lapone a redonné vie et dont il a parlé à Ligne Claire pendant le festival d’Angoulême en annonçant aussi son prochain album, Gentlemind, avec Juan Díaz Canales et Teresa Valero au scénario chez Dargaud. A noter que Antonio Lapone devrait venir à Perpignan pour une rencontre invité par un club local passionnée de ligne claire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Antonio Lapone, Mondrian vient de sortir et vous êtes déjà sur un autre projet que nous avions évoqué ensemble il y a quelques temps ?

Gentlemind

Effectivement. L’album s’appellera Gentlemind avec au scénario Teresa Valero et Juan Díaz Canales qui ont vraiment ausculté ce que je faisais pour écrire pour moi ce récit. Cela raconte l’histoire d’un journal pour hommes dans le style d’Esquire dans les années quarante et qui finit dans les années soixante-dix. Un peu comme dans la série Mad Men et on verra la première rédactrice en chef femme d’un magazine. L’album sera chez Dargaud. On en est à la page 22 et il y aura deux tomes.

Revenons à Mondrian. C’est un peintre à la fois peu connu et pourtant une sorte d’icône ?

Quand on a choisi le titre pour la collection chez Glénat Les Grands peintres, on s’est dit que Rembrandt ce n’était pas pour moi. Quand on a pensé à Mondrian, il fallait attendre que les droits soient publics. On connait Mondrian et la robe de Saint-Laurent. On a beaucoup parlé du travail de design de Mondrian dans les années soixante mais il est mort dans les années quarante. Il est mal connu. On a un peu romancé, réécrit son histoire pour l’album. On ne sait pas si il a eu des femmes et lesquelles contrairement à un Picasso. Mondrian, on sait qu’il aimait danser. Avec Peyraud, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire autour de cette idée.

La Fleur dans l'atelier de Mondrian Qui a eu l’idée de départ ?

C’est Jean-Philippe Peyraud. J’aimais son travail et on s’est rencontré à Angoulême en 2012. Je lui ai dit que j’aimerais bien travailler avec lui. Et lui aussi mais on ne savait pas le sujet. On a choisi finalement Mondrian.

Mondrian est un homme qui aimerait savoir aimer mais qui ne sait pas. Vous le montrez dans l’album qui est aussi un artbook au beau format, un bel ouvrage ?

On avait aussi envie de montrer ce qu’il y a derrière la création d’un album. C’est pour cela qu’on a rassemblé à la fin tous ces travaux, ces croquis. Les gens s’imaginent parfois que c’est simple la BD. Il faut en fait des recherches nombreuses. On est dans les années vingt dans Mondrian. Il fallait retrouver par exemple le Paris de l’époque.

Le registre est différent de celui de Greenwich Village ?

Le style a changé, ma ligne claire est devenue plus lumineuse, le grand format aussi a beaucoup joué.

Votre gestion du rouge, c’est aussi lié à celui de Mondrian ? Comment avez-vous travaillé ?

Antonio Lapone
Antonio Lapone à Angoulême 2018. JLT ®

Oui mais on a aussi ajouté les petits cadres des chapitres. L’action se passe à Paris là où il y a aujourd’hui la Tour Montparnasse, rue du Départ. L’atelier a été détruit mais quand la jeune fille à robe rouge rentre dans l’atelier du peintre tout est aseptisé, à la Mondrian. Je pense qu’il y aura une exposition à Amiens avec les planches de cet album qui a été long à faire. Le format aussi a demandé du temps, c’est de l’aquarelle. Prévu pour la série Les Grands Peintres, Mondrian a pu quand même sortir dans ce beau format. Au départ Peyraud a fait les huit premières pages en story-board. Ensuite il y a un changement. C’est moi qui ai pris le relais et on a travaillé dans les cadres typiques et chers à Mondrian. Je travaille sur table lumineuse au crayon sur un très bon papier de 300 grammes. Je fais la couleur directement sur le crayonné. Mon objectif est de rendre la ligne claire plus populaire.

Et maintenant que voudriez-vous faire ?

Revenir sur des histoires plus intimes. Il n’ y aura pas de suite à Greenwich. Je laisse ouverte la porte pour tout. On a envie de retravailler ensemble avec Jean-Philippe Peyraud. Sinon j’ai un artbook qui va sortir chez Kennes en juin.

Dédicace d'Antonio Lapone

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