Gentlemind T2, quand le papier était roi

L’histoire des USA à travers celle d’un journal, d’un magazine, l’évolution de la presse, c’est le postulat remarquable et remarqué que l’on avait découvert dans le premier tome de Gentlemind après que Lapone nous en ait parlé dans une interview. Avec Juan Díaz Canales et Teresa Valero au scénario ils ont continué la saga de Gentlemind, de son éditorialiste vedette John Doe, un pseudo typiquement US, de sa patronne Navit, de Arch le peintre mais les intérêts des uns et des autres s’opposent. La politique, les grands évènements mondiaux s’invitent à la Une. Antonio Lapone a ce coup crayon, de pinceau qu’on ne peut que lui envier, singulier et inimitable depuis ses débuts.

Gentlemind

1945, le rêve américain, la guerre est finie, Gentlemind à John Doe à la Une mais il lui faut son vrai visage, celui de Waldo qui claque la porte. On manifeste pour l’indépendance de Puerto Rico. La sœur de Waldo, Gabriela, est en première ligne. Waldo Trigo n’écrit plus et on repasse ses vieux articles. Le New York Times tire à boulets rouges sur Gentlemind, crie à l’imposture. Trigo reprend la ligne éditoriale, change les rubriques et va tenter de tout recommencer. Les Unes explosent, collent à la vie américaine, Capote, Faulkner, Salinger, des hommes de papier qu’aurait apporté John Doe qui ne signe plus. Les années passent, on publie les pin-up d’Arch Parker, les ventes grimpent en ce début des fifties. La pub s’impose, dont Coca-Cola. La sœur de Trigo est impliquée dans une tentative d’assassinat sur Truman. La pub quitte le journal.

Une Citizen Kane qui ne veut pas que sa revue coule avec son amour. On feuillette l’actualité de ces années, des souvenirs qui émergent, les destins qui basculent ou éclatent, les unes scandent l’album avec des graphismes et des mises en page époustouflants. Juan Díaz Canales et Teresa Valero ont visité la remise en question d’une presse qui va se remettre en question, faire appel à de jeunes talents. Vietnam, Kennedy, enquêtes, Rolling Stone, l’époque sera sans équivalent encore aujourd’hui. Le papier était roi, Life, Time, Match. Les drames et une vérité qui boucle ce diptyque superbe avec en prime sept pages de recherches graphiques de Lapone.

Gentlemind, Tome 2, Dargaud, 18 €

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