Rwanda, à la poursuite des génocidaires, mission sacrée

Le génocide au Rwanda des populations Tutsi est et restera une tâche sur l’histoire de l’Afrique et indirectement sur la France qui aurait pu l’empêcher ou au moins agir. Entre avril et juillet 1994, plus d’un million de Tutsi seront massacrés par la population, l’état rwandais qui a contraint la population Hutu à tuer avec une communauté internationale impassible malgré le contingent de l’ONU sur place qui partira peu de jours avant l’horreur. La France a soutenu plus ou moins directement le régime rwandais pendant et après en acceptant sur notre territoire des tueurs en fuite qu’il va falloir pourtant rechercher. Rwanda, à la poursuite des génocidaires est signé par Thomas Zribi qui a pu suivre sur le terrain les deux personnages principaux de cet ouvrage coup de poing nécessaire Alain et Dafroza Gauthier sur les routes du Rwanda en 2021. Damien Roudeau est au dessin. Préface de Gaël Faye.

À la poursuite des génocidaires

Le Rwanda a été le théâtre du dernier génocide du XXe siècle. 2021 Alain et Dafroza Gauthier suivent la piste d’un des tueurs. Ils ont localisé en France Faustin K. soupçonné et qui sera jugé si on trouve des témoins. Rien n’est sûr. Le Rwanda a emprisonné les génocidaires mais nombreux sont ceux qui ont pu s’échapper. Faustin est en Normandie et vivait tranquille. Les Gauthier ont fondé un collectif des parties civiles. Depuis 20 ans ils traquent les meurtriers. Un travail de fourmi face à des pesanteurs souvent voulue. On leur raconte comment s’est déroulé le génocide, la rafle des Tutsi par les gendarmes, la concentration dans des prisons. Et le massacre à coups de machette par la population Hutu. Mais il manque des preuves écrites, les témoignages sont indispensables. Ils en trouvent qui ont vu le fameux Faustin qui a menacé les Hutu qui cachaient des Tutsi. Un policier municipal leur raconte comment il a gardé les prisonniers avant le massacre et les corps jetés dans des fosses communes.

En 1994 le pouvoir Hutu fait le choix d’éliminer les Tutsi. Question de race, notion européenne, différences physiques mais surtout parce que l’aristocratie était Tutsi. Une race de seigneur d’après les Belges colonisateurs. Ils divisent. pour mieux régner. Indépendance du Rwanda en 1962, le Tutsi devient le traître et beaucoup fuient dans les pays voisins. L’extermination est programmée et la mort le 6 avril 1994 du président rwandais dont l’avion est abattu par des missiles tirés par des Hutu contre tout partage du pouvoir avec les Tutsi est le signal. Le génocide peut commencer. Même l’Église a laissé faire, la France a soutenu avec Mitterrand le régime. Les soldats français de l’opération Turquoise n’ont pas bougé, équipant et entrainant les Hutu. Mitterrand ne tiendra pas compte des tueries. Pas complice la France mais responsable d’après le rapport demandé par Emmanuel Macron en 2021. Mais la France aurait accueilli entre 200 et 400 génocidaires. Et Alain et Dafroza Gauthier passent leur vie à les traquer. Un ouvrage qui rappelle, raconte, témoigne pour que la mémoire ne s’efface pas, que la justice quand elle le peut, passe. Terrifiant et nécessaire sur des dessins qui font froid dans le dos et pleurer d’émotion.

Rwanda, À la poursuite des génocidaires, Steinkis, 24 €

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