Alix de retour avec Veni, vidi, vici et David B. au scénario

Il est de retour mais dans sa livrée presque d’origine, avec son look de garçon sympathique cabochard flanqué d’un Enak capricieux tel que Jacques Martin l’avait fait découvrir à son jeune public il y a déjà 70 ans. Dire que Alix a marqué plusieurs générations aux côtés, à l’époque, de Tintin, Spirou par Franquin (Ah, La mauvaise Tête), Timour ou Jerry Springs, c’est peu dire. Autant les autres héros de BD faisaient parfois sourire, autant Alix pouvait flanquer la trouille à un gamin de 7 ans avec sa Griffe Noire angoissante et menaçante. Souvenir vécu d’avoir subi ce choc à l’écoute d’une jeune fille qui racontait à haute voix les terrifiantes aventures du jeune Gaulois à un enfant pour l’endormir. C’était pas gagné ni le choix idéal. On a les traumatismes qu’on mérite au point de s’en ouvrir à Jacques Martin beaucoup plus tard que cela avait finalement ému et fait sourire. Reste donc ce nouvel album scénarisé, ce n’est pas rien, par David B. et mis en images par Giorgio Albertini (Chronosquad) Veni, vidi, vici, formule de César, je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu (il le dit dans son rapport au Sénat après sa victoire sur Pharnace à Zéla), huit ans de Latin ça laisse des traces.

Alix Samosate en Asie Mineure, on sacrifie un taureau qui n’a pas de cœur sous le regard d’Enak et d’Alix qui est venu acheter des livres pour la bibliothèque que César veut créer à Rome. Ce même César qui a brulé celle d’Alexandrie comme le fait remarquer goguenard, Enak. Mais c’est un vieil ennemi d’Alix qui réapparait. Arbacès est employé par Pharnace, roi du Pont, qui envoie des troupes pour attaquer César. Les partisans de Pompée combattent César. A Samosate la révolte se prépare. Arbacès veut la tête d’Alix, c’est une habitude, et l’affronte à l’extérieur de la ville mais des soldats sont envoyés à son aide par Livie, la veuve d’Agrippa, fidèle à César. Livie a un petit faible pour Alix qui prépare la défense de sa propriété. Victime d’une crise de somnambulisme, le jeune homme s’enfonce dans une caverne et découvre une statue à l’entrée d’un sous-terrain.

Une géante dont le nom est Personne

On est en plein guerre civile romaine et César va s’envoler vers le pouvoir. Cet Alix comme le plus souvent s’appuie sur l’histoire romaine avec quelques libertés que la plupart des lecteurs ignoreront. Alix a pour mission de remplir une bibliothèque mais ce serait trop simple. Une géante dont le nom est Personne (une influence cinématographique ?), une tentative de meurtre contre César, des combats épiques, un Enak ironique qui fait bien voir qu’il n’est pas un esclave et qui se moque d’Alix, César qui débarque avant la bataille finale, le plus marquant est peut-être le dessin qui s’inscrit tout à fait dans la lignée du Martin de la grande époque, une ligne claire parfaite. Côté scénario David B. a musclé Arbacès, sorte d’ennemi mortel d’Alix récurrent, ce qui était déjà le cas. Un album marquant, anniversaire, qui tourne aussi la page à sa façon des reprises à répétition plus ou moins réussies.

Alix, Tome 37, Veni Vidi Vici, Casterman, 11,95 €

Veni Vidi Vici

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