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Spirou l’espoir malgré tout T4, émotion et libération

En choisissant pour son Spirou l’espoir malgré tout de faire vivre au jeune groom la guerre en Belgique, l’occupation, la déportation, la collaboration, Émile Bravo a su avec un rare talent crédibiliser ses quatre albums dont le dernier vient de sortir. Finalement Spirou est un vrai gentil, un chevalier servant, capable de tous les courages, un sentimental qui contrairement au pragmatique Fantasio, sait laisser faire sa bonté pour agir. Comme on le verra dans cet album, Spirou s’élève contre l’injustice, se bat contre les moulins à vent et Fantasio lui n’a pas ces états d’âme. On dira qu’il y a, mais ce n’est pas nouveau, complémentarité entre le duo. Cette quatrième partie, Une fin et un nouveau départ, est d’autant plus touchante qu’on va y voir Spirou aller au bout de ses convictions.

Faire sauter un train allemand sur un viaduc mais lequel ? Car les Allemands ont envoyé un convoi aux wagons pleins de déportés. Il y a aussi le train des SS chargé de chars. Spirou essaye de convaincre Fantasio qui a perdu le détonateur de ne pas l’activer, sauf qu’un certain Spip va en décider autrement. Plus de viaduc ni de SS, la Résistance les récupère et les traite en héros. Mais il risque d’y avoir des représailles. Anselme et sa famille évacuent leur ferme et se cache dans la forêt avec Spirou et Fantasio. Les Alliés arrivent en Belgique. Victor et Mieke les rejoignent. Ils partent tous avec des résistants pour Bruxelles. Spirou veut savoir ce qui est arrivé à Anton mais sur la route une méprise manque de faire tuer tout le groupe et Mieke a une réaction très violente.

Ce qui fait aussi la force du récit est sa parfaite cohésion aussi bien graphique, dessin, ambiances, décors, que scénaristique. Résistants de la dernière heure ou ceux qui veulent faire oublier leur collaboration, vrais héros de l’ombre que l’on prend pour des traitres, Belges Libres, déportés squelettiques libérés, Bravo épluche l’époque et Spirou continue à faire face, même si on sent que son cœur souffre. Bravo parle aussi de colonialisme, de Congo, Spirou découvre. Récompenses, médailles, là aussi Spirou c’est le désintéressement le plus total mais sincère, il ne l’a pas fait exprès. Beaucoup d’émotion dans cet album, de l’humour aussi. Émile Bravo a signé un vrai monument, travail de longue haleine pour une réussite totale.

Spirou, L’espoir malgré tout, Tome 4, Dupuis, 13,50 €

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