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Un Papa, une Maman, Florence Cestac en famille

Florence Cestac a eu des parents, un papa et une maman, qui avaient connu la guerre et vont la mettre au monde à la toute fin des années 40. On est dans une bourgeoisie (bien connue) où l’homme est le tyran, la femme sa servante, se tait et élève ses enfants, nourrit toute la petite famille et n’a pas le droit de travailler, ni d’avoir un compte en banque. Alors Florence raconte son enfance, ses moments de bonheur avec sa maman, sœur et frère, son adolescence, se livre, décrit la très chaude ambiance sous contrôle de la belle famille et comment elle finira par aller voir ailleurs si ils n’y sont pas. On connait son humour, sa sincérité, son émotion. Florence a finalement vécu dans une famille qui est dans le ton de l’époque, où se dire que l’on s’aimait ne se faisait pas ou mal. C’est le plus triste.

Tout commence par une histoire d’amour entre Camille fille de fermier qui l’adore, et son futur père diplômé des Arts et Métiers. Coup de foudre réciproque mais une belle-mère ronchon. On est à la fin de la guerre et les bombes tombent encore. Vive les Trente Glorieuses, on reconstruit et on fait des enfants dont Florence seconde du nom.Villa, cuisine en Formica, job en or, des sous et l’homme roi qui n’est pas vraiment un sentimental mais fan de modernisme. Et de bagnoles style DS ou Mustang. Régime sec affectif par rapport aux copines. En prime Florence et son frère sont dyslexiques. Florence en bave des vertes et des pas mures. Papa fait le beau à l’extérieur, la gueule chez lui. Mais il y aura la villa au Cap-Ferret.

La suite on la lit avec délices tout en se disant que ça n’a pas été très marrant tous les jours. Florence taquine très jeune le crayon, se retrouve en pension puis devient baba cool aux Beaux-Arts. Résistante la Florence, têtue, hippy avec couche politique qui fait tâche dans le milieu. On en découvre des pas tristes, des connues comme Futuropolis et d’autres pas du tout. Mais voilà un papa reste un papa, surtout celui-là qui ne déviera pas d’un cm. Et l’amour dans tout ça ? C’est sûrement le regret de sa vie et ce qui a le plus manqué à Florence de son papa. Elle signe à la fois un témoignage très vrai d’une époque qu’on a vécu de près, d’un cas pas si isolé de mâle paternel, se libère et essaye de sauver les meubles malgré tout, histoire d’effacer ou d’amoindrir des traces douloureuses.

Un Papa, une Maman, une famille formidable (la mienne !), Dargaud, 14,50 €

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