Les Dogues noirs de l’Empire, les Tirailleurs au combat

C’est peu connu mais la première guerre mondiale a eu aussi l’Afrique comme terrain de combat. L’Allemagne y avait des colonies (revoir le film The African Queen avec Bogart) certes peu importantes par rapport aux françaises mais suffisamment gênantes quand même. Sauf que pour aller affronter les « Teutons » ou les « Boches » comme on disait à l’époque, autant éviter d’y envoyer des troupes métropolitaines plus utiles sur le front français. Arriva alors le temps de la Force Noire, l’enrôlement souvent de force de tirailleurs noirs que l’on rassemblera sous le nom générique de Sénégalais créés dès 1857. Massiré Tounkara et Christophe Cassiau-Haurie (on se souvient de son excellent Madame Livingstone) reviennent en détail sur les débuts des Dogues Noirs de l’Empire.

Les Dogues noirs de l’Empire

En 1910, Mangin qui deviendra un général célèbre qui commandera les Tirailleurs en 1915, prône la création d’une Force Noire en formant des régiments de tirailleurs africains pris dans les colonies françaises. « A nous le cerveau, à eux les bras » dit Mangin, bras armé si possible pour venir ensuite défendre le territoire national. Au Togoland allemand, on se prépare à la guerre. Babacar et Bakary sont amis et savent que les Blancs vont se battre entre eux que ce soit en Europe ou en Afrique. Chacun rejoint son village qui est dans un camp opposé. Ils sont enrôlés et vont s’affronter. Les Allemands savent qu’ils sont pris aux pièges entre les troupes anglaises et françaises. En août 1914 les opérations commencent.

La force noire Ce seront des combats difficiles et meurtriers que relatent les auteurs. Les Tirailleurs embarqueront bientôt pour les tranchées françaises et s’y comporteront avec courage sans la reconnaissance du pays. On les rapatriera pour mieux les faire revenir en 1939, victimes en 1940 du racisme allemand, puis fer de lance de la France Libre pour la campagne de la Libération. Là aussi il faudra des années pour que les pensions leurs soient versées. La Force Noire ne doit pas être oubliée, ni non plus les Tirailleurs Algériens, Tunisiens, Tonkinois, Annamites ou Malgaches, Harkis, Goumiers. La France s’est servi sans états d’âme des populations de ses colonies et n’a pas su, pas voulu reconnaître non plus celles qui avaient volontairement choisi le camp de la République. Une tache impossible à effacer qu’un album comme celui-là rappelle avec force comme d’autres avant lui. Lire aussi Plus près de toi ou La Colonne de Dumontheuil.

Les Dogues Noirs de l’Empire, La force noire, L’Harmattan BD, 12,90 €

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