Réinterpréter des contes et légendes en mode féministe c’était une première étape de Mythes et Meufs. Dans le tome 2 Blanche Sabbah poursuit ses tableaux illustrés doublés de textes à la fois explicatifs et raisonnés. On redécouvre des noms bien connus abordés avec beaucoup de finesse et d’intelligence. On a adoré Barbie ou Poison Yvy. Ensuite il y a dissertation sur le sujet écrite et dessinée d’un joli trait expressif qui marque le propos. Histoires courtes mais qui pourtant racontent de longues vies ou destins à sens unique.
Égérie, une amoureuse et nymphe romaine qui soufflait à l’oreille de son amant roi des conseils, des idées brillantes, le terme a gardé de nos jours de son fond. Une égérie est une conseillère, une inspiratrice mais dont les idées sont mises en œuvre par des hommes. Exemple Camille Claudel géniale que Rodin son amant exploite. Dans la com, la politique, la pub, la nymphe c’est la pièce rapportée, la compagne bis et dans l’art, le grand, on les a mises au placard ou simplement spoliées. On passe à Mulan et à la Chine, une fille déguisée en homme qui remplace son vieux père à la guerre. Elle aussi n’a pas sa place. Disney lui redonnera sa force dans un film et continue à retourner sa veste afin désormais que les héroïnes princesses ou pas soient des femmes libres sans destin biologique propre aux sexe. Et puis il y a la Schtroumpfette. Osé en fait une fille seule dans une tribu de types tout bleu. Moche au départ, star ensuite elle a de Blanche-Neige avec les nains. Bien vu. Une femme face à des hommes pluriel. Bon cela dit, la BD avait surpris pour le moins.
Des femmes et des hommes, de Lady Macbeth meurtrière arriviste qui se suicide par remord tardif, tonton Shakespeare a réservé à ses héroïnes des sorts tragiques et les rend victimes de leur passion. Les portraits se suivent, se décryptent connus plus ou moins mais toujours argumentés, dessinés, rédigés. Les Walkyries, les bergères, Circé la magicienne, la mythique parisienne, ou la Malinche qui a guidé Cortés, la liste est riche sur les 136 pages de l’album. Les modèles évoluent, la société aussi. Sans tomber dans l’extrême, avec beaucoup à la fois d’humour et de raison Blanche Sabbah décortiquent les stéréotypes féminins, leur utilisation dans une société qui est mine de rien en pleine révolution morale et intellectuelle mais parfois en se cherchant. Mythes et Meufs remet bien les pendules à l’heure.
Mythes et Meufs, Tome 2, Dargaud, 19 €
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