Irena, jusqu’au bout du courage et du sacrifice

C’est l’une des pages les plus tragiques et horribles de la seconde guerre mondiale qui pourtant n’en n’est pas avare. La Pologne est occupée en 1940 par les Allemands qui considèrent déjà que tous les Polonais sont des sous-hommes. Que dire alors des Polonais juifs ? Qu’il faut les exterminer et avant, au moins pour Varsovie, les parquer dans un ghetto où ils mourront de faim avant de déporter ceux qui restent. Irena Sendlerowa est une des rares Polonaises, il faut le dire, qui va tout faire pour sauver des Juifs, des enfants du ghetto. Elle sera déclarée Juste parmi les nations en 1965. Par devoir de mémoire et de reconnaissance son histoire devait être racontée. C’est ce qu’ont entrepris pour trois albums Jean-David Morvan, Séverine Tréfouël et David Evrard avec intelligence, précision, émotion et surtout rendant l’accès facile en particulier graphique à des évènements monstrueux que l’on a malheureusement tendance à oublier à une époque où pourtant racisme, antisémitisme sont de retour.

Irena, fille d’un médecin polonais mort en soignant des malades juifs, est à Varsovie et dirige le département d’aide sociale. Tous les jours elle vient au ghetto où sont parqués les familles juives sans ressources et sans possibilités de sortir sous peine de mort. Les SS sont impitoyables et la population indifférente. Irena se lie d’amitié avec une famille dont la mère est mourante et lui demande de sauver son fils, Nethanel. Irena est prête à aider l’enfant mais redoute d’impliquer les membres de son équipe qui seraient abattus si ils sont pris en particulier par un officier SS qui la piste et torture moralement les enfants. Quand la mère meurt le petit garçon veut fuir et est tué par le SS qui menace Irena. Désormais, elle et ses amis vont faire sortir des enfants tous les jours du ghetto.

Le ghetto sera rasé mais les Juifs se révolteront en armes en 1943, pour l’honneur et parce qu’ils savent qu’ils n’ont rien à perdre. Il aura contenu près de 400 000 personnes traités comme des chiens, qui mourront de faim, de maladie et sous les balles sans que personne ne fasse rien hormis une poignée de Justes comme Irena. Les camps de la mort fonctionneront à plein rendement en Pologne, pays de tradition antisémite. Treblinka est à 80 km de Varsovie. Difficile d’ignorer ce qui se passait aussi bien pour les Polonais que pour les Alliés. Mais que faire hormis ces actes ponctuels de résistance et d’humanité face à des Allemands unis par le nazisme et tout puissants ? Les auteurs grâce en particulier à un dessin presque enfantin mais sans concession témoignent, racontent une vérité qu’il faut garder à l’esprit et transmettre. Dernier point, en 1944 le résistance polonaise se soulèvera contre les troupes allemandes mais Staline pour pouvoir ensuite mettre en place un pouvoir communiste interdira à ses troupes d’aider les Polonais et interdira aussi aux Alliés de les ravitailler par des parachutages d’armes. La Pologne libre aura vécu. 3 500 000 Juifs vivaient en Pologne en 1921. Il n’y en a plus que 20 000 aujourd’hui. Deux tomes sont encore à venir pour raconter le destin de la courageuse Irena.

Irena, T1 Le Ghetto, Glénat, 14,95 €

Le ghetto

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