Nos Mondes perdus, Marion Montaigne se livre

D’abord on se dit que c’est un gros bouquin, qui est lourd. 208 pages ce qui flirte avec les tendances actuelles. Ensuite il y a le titre, Nos Mondes perdus, qui annonce la couleur, disparition, regrets, nostalgie, évidence que celui dans lequel on vit est pourri. Passons à l’autrice qu’on connaissait bien avant qu’elle ne fasse exploser l’audimat BD avec le gendre idéal la tête dans les étoiles Thomas Pesquet et sa combinaison dans laquelle elle s’est glissée. Marion Montaigne de La Vie des très bêtes à Riche pourquoi pas toi ? interpelle toujours mais surtout avec intelligence, un joli sens des mots qu’elle utilise à bon escient, un trait qui crépite.

Nos Mondes perdus

Marion Montaigne c’est la sensibilité, l’humour, la tendresse un peu cachée, et le talent. Alors on va le dire tout net. Son bouquin on a hésité, on a tourné autour et on l’a pris enfin dans nos petites mains. Sans pouvoir le lâcher (enfin presque car on n’a pas mis cinq minutes à le lire). On dira enfin avant d’en résumer, un défi, quelques pages, qu’on veut bien qu’elle nous parle des dinosaures ou de Dieu, mais c’est d’elle en fait qu’elle cause sans flinguer, Marion. Un peu quand même, on ne se refait pas.

Nos Mondes perdus

Tour commence avec Jurassik Park. Traumatisé Marion. Manger ou être mangé. Qu’est ce qu’on fait sur Terre ? Une enfance classique, elle est en 2007 illustratrice pour enfants par encore la BD. Sauf qu’elle veut dessiner des morts, ce qui est rigolo. Fascinée par les films catastrophes, Marion. Pour se calmer les neurones elle va vulgariser à tout crin avec son copain à moustache, image du professeur. Elle touche à tout, cancer, asticots, Big Bang, Urssaf. En 2023 elle a atteint le sommet. Qui se souviendra de nous après le cataclysme ? A quoi on ressemblait ? Les fossiles, mais c’est bien sûr. Buffon après, les mammouths, Blabey qui fait de jolis dessins, et la Terre serait très vieille pas comme le dit le Pape. Et Dieu dans tout ça, comment il a fait pour nous faire ? Sans oublier les spermatozoïdes ni ce bravache de Jefferson. Montaigne elle prend des courts de dessin et fait dans le sanglant. Après tout elle a bien voulu être serial killeuse.

Mais pour les études on va voir plus tard qu’elle a des regrets. Faut jamais écouter ses parents. Résultat elle raconte sa vie et en prime l’histoire de l’évolution, du monde, des savants fous ou pas. Toujours les fossiles et Marion qui y va gaiement, parle d’elle, se livre, parle science et a la trouille. Oui, elle n’a pas tort en fait d’avoir peur de nos jours. Sauf qu’elle l’explique, se raisonne et explique. Un conseil, pour bien apprécier cet indispensable, on déguste tranquille, on laisse reposer, pas d’urgence et on savoure le tout sans façon.

Nos Mondes perdus, Dargaud, 24,50 €

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