Qui dit Edmond (Rostand), dit Cyrano. C’est ainsi. Cyrano de Bergerac, celui du nez. Mais Edmond, c’est une pièce contemporaine basée sur, justement, le travail accompli par Rostand pour accoucher de Cyrano. Elle est signée par Alexis Michalik. Il a raflé pour Edmond, succès de la scène, une moisson de Molière en 2017. Il ne restait plus à Léonard Chemineau (Le Travailleur de la nuit) qu’a adapté Edmond en BD. C’est fait, c’est gai, c’est drôle et bien écrit évidemment. Le dessin est joyeux, respire la joie de vivre, cligne vers le ton imagé du vaudeville, vif et enlevé. Alors que les trois coups soient frappés. Edmond (Rostand) a bien failli ne jamais être célèbre.
Le découpage, la mise en scène explose sous les pinceaux de Chemineau. Tour de force car, on le rappelle, c’est une pièce de théâtre qu’il adapte. Certes, le texte est une merveille. Mais Chemineau, alchimiste des bulles, a su magnifier le tout. Avec Edmond, on relit Cyrano, on en découvre les subtilités, les pourquoi et le comment. Edmond a une maîtresse, l’inspiration. On sourit au casting de Cyrano, au talent de Coquelin qui veut son duel. Edmond improvise, en rajoute et pond son chef d’œuvre, envoie Cyrano au siège d’Arras et lui offre un duel. Un duel pendant lequel un certain Jean Marais Cyrano, sur la scène du théâtre de Montpellier avait malencontreusement laissé tomber son épée. Pour Lagardère et le Capitaine Fracasse réunis, cela faisait désordre. Cet Edmond se lit à haute voix, se déclame, s’articule, se joue. Cyrano, qui fut tout et qui ne fut rien, méritait bien ce superbe album.
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