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La Fin du monde en trinquant, Krassinski signe un conte céleste et picaresque

Un astronome qui en a trop vu dans son télescope, un astéroïde qui pourrait bien faire des ravages, un apprenti mathématicien gaffeur, la Russie de la Grande Catherine, voilà, sommairement, le cadre de cette réjouissante Fin du monde en trinquant qu’a concoctée en douceur, avec humour, Jean-Paul Krassinsky. Car qui aurait pu imaginer qu’un coin perdu de la Sibérie, mais peuplé, soit la cible de la bombe volante ? Nikita Petrovitch l’a calculé en 1774 et il va lui falloir constance et courage pour aller ameuter la population des risques encourus. Krassinsky a signé un petit plaisir animalier, bien ficelé, un conte très farce, avec des personnages de fable, de l’émotion et une violence difficile à maîtriser car raccrochée à la réalité.

Il se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère, un balade glacée au fin fond de la Sibérie, Ivan, fils de sa jolie maman, maîtresse de Nikolaï. Chancelier, Nikolaï lui avait promis de placer son Ivan auprès d’un grand maître. Qui de mieux que le célèbre Nikita Petrovitch roi des étoiles. Dès son arrivée dans le bureau de Nikita, Yvan avait un peu bousculé le matériel d’observation. Ivan est un niais gentil. Lors d’une observation, Nikita, horrifié a découvert qu’un astéroïde, une comète, allait s’écraser en Sibérie. Il a voulu ameuter les autorités, mais la lourdeur administrative l’a obligée à s’adresser en direct à la Grande Catherine. Avec courage il a plaidé la cause des futurs atomisés, et c’est lui qu’on a envoyé en première ligne.

La suite ne va pas être triste. Le duo découvre un monde inconnu où la vie n’a aucune valeur, on se débrouille, on pille, on arnaque, on tue avec bonne humeur, on dévore tout ce qui se mange. Pas moyen de faire autrement même avec une menace céleste au-dessus de la tête. Chacun à leur façon, Nikita et Yvan vont s’adapter. Et puis Krassinsky sait réserver ses rebondissements, son suspense sur cette fin (petite) du monde annoncée. Qui aura lieu en fait à la Toungouska en 1908, en Sibérie. Cet album est un catalogue enjoué, réjouissant et alarmant. Une belle attaque contre l’antisémitisme, la fin du monde programmée, le pouvoir dictatorial et son mépris des petits, l’amour empoisonné. On en oublie. Mais quel régal avec ce trait si personnel et vivant de l’auteur.

La Fin du monde en trinquant, Casterman, 25 €

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