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Staline, tyran, mégalo mais indéboulonnable

On a une fâcheuse tendance à oublier, si ce n’est édulcorer ce qu’a été le stalinisme et bien sûr la vie de l’homme qui en a été l’instigateur. Staline a été un des pires dictateurs du XXe siècle, bourreau sanglant d’un peuple qui aspirait à une authentique justice social et humaine. En reprenant par le détail ses débuts, ses combats pour une ascension totalitaire, ses purges et meurtres en série pour la collection Ils ont fait l’Histoire, Vincent Delmas au scénario, l’historien Nicolas Werh, Fernando Proietti au dessin et Christophe Regnault au story-board remettent les pendules à l’heure, objectivement sans pour autant signer un réquisitoire mais plus simplement un constat implacable. De sa lutte avec Lénine, qui savait le danger qu’il représentait, à Trotski, son seul ennemi capable de le déstabiliser, Staline a mis le communisme à son service, a détourné la révolution bolchevique sans le moindre scrupule. Le tout avec, cela aussi on l’a oublié, l’assentiment subjugué, aux ordres, des autres partis communistes en particulier européens.

1934 à Moscou, Staline se félicite et ment. L’URSS est victorieuse du capitalisme qui s’effondre. Tout va bien au pays des soviets, richesse, joie de vivre et bonheur alors qu’en réalité la famine tue, que le peuple est sous tutelle comme les instances du PC. Pour en arriver à ce sommet de mégalomanie, Staline a dû éliminer Lénine le père de la Révolution, certes malade et pas un saint non plus, certain que « la violence est la vérité de la politique ». Une formule dont on ferait bien aujourd’hui encore de se souvenir en France. Lénine a un chouchou, Trotski. Mais quand il tombe malade, Staline va se faire un plaisir de couper Lénine de ses amis. En faux-jeton exemplaire, il attend que la morte fasse son travail et se débrouille pour détourner le testament de Lénine qui l’évinçait en faveur de Trotski. Il va mettre le parti à sa botte, enrôle des jeunes camarades pour mettre les vieux du comité central en danger. Commence alors purges, règlements de compte en ce début des années trente.

Personnage complexe, prêt à pactiser avec le diable, Hitler en l’occurrence, finir à la table des vainqueurs en 1945 alors qu’en 1941 son incompétence a failli voir l’URSS succomber faute de généraux compétents exterminés dans des purges, Staline mourra en 1953. Plus de trente ans de pouvoir absolu, sans ennemis directs, il les éliminera tous. Même sa mort sera compliquée mais c’est une autre histoire. Le Stalinisme sera remis en cause mais pour mieux servir les nouveaux maîtres du Kremlin qui conserveront, comme Staline, une main d’acier sur les pays et les partis frères. On suit parfaitement la volonté de Staline dans cet album prenant et parfaitement écrit, illustré. Une leçon d’Histoire à méditer et à se rappeler.

Ils ont fait l’Histoire, Staline, Glénat-Fayard, 14,50 €

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