Il faut parfois se méfier des apparences trompeuses. Une Nuit avec toi pourrait être la chronique d’un fait-divers extrême, noir, violent mais aussi d’un crime dont la victime ne serait pas obligatoirement celle que l’on croit. Ambiguïté pure et dure, balade mortelle et manipulations diverses, Maran Hrachyan a écrit, dessiné un polar très séduisant car déroutant, où chacun peut trouver ses propres réponses. Avec un dessin qui est pur, efficace, sans faux-semblant.

Des tueurs en série, des émissions spécialisées sur le thème, elle écoute, belle brune parisienne en cette année 2018 qui part se promener, suscite des réactions masculines déplacées. Un type qui semble la suivre, une fête où elle rencontre une copine qui a failli être agressée, Alex qui lui plait et propose de la ramener chez elle. Elle accepte sans arrière pensée mais se rend vite compte qu’il y a un problème. Il insiste pour aller chez lui, elle tente de partir mais au final elle accepte de prendre un verre. Brune comme il l’appelle tente à nouveau de partir. La porte est fermée, plus de clés. Brune comprend qu’Alex veut la violer, prend un couteau dans la cuisine et bien sûr la soirée tourne au cauchemar. Brune poignarde Alex pour se défendre mais au lieu d’appeler la police elle part, oublie son téléphone chez lui. Retour à la case départ. Comment s’en sortir.

On dira que c’est à partir de là que les affaires reprennent et qu’on va se faire mais rien n’est sûr, suspense oblige, balader par l’auteur et Brune. Brune sait jouer sur les sentiments des autres. De surprise en retournement de situation, le scénario sait mélanger classique du genre et nouveauté. choc. Le dessin, les dialogues peu nombreux jouent aussi beaucoup sur l’impact de cette drôle d’histoire. Comment tout cela va-t-il tourner ? Un engrenage sans pitié, toute la psychologie des victimes féminines que l’on ne croit pas et qui ont peur d’être des coupables désignées, faites entrer le coupable. Mais lequel ?

Une nuit avec toi, Glénat, 22 €