C’est l’un des noms de bataille les plus connus de l’Histoire de France et des Français. Peut-être surtout parce que à Camerone, au Mexique, s’est forgé l’image définitive d’un corps d’exception, la Légion Étrangère française créé en 1831. Le 30 avril 1863, une poignée de légionnaires résiste jusqu’à la mort à l’armée régulière mexicaine. Il n’y aura que trois survivants. Le Capitaine Danjou qui commandait à Camerone portait une prothèse de main côté gauche. Elle deviendra une relique que chaque année, le 30 avril, la Légion honore. Thierry Gloris et Joël Mouclier au dessin ont suivi les traces de ces légionnaires mais en devançant leur résistance héroïque de Camerone et en replaçant intelligemment la Légion Étrangère dans le contexte de l’époque, ses débuts en Algérie au milieu du XIXe siècle et sa participation déjà à toutes les batailles du second empire. Cela permet d’anticiper puis de dépasser le simple cadre de cette bataille mythique.
Dès l’enfance Jean Danjou avait choisi le métier des armes. Devenu officier il choisit la jeune Légion Étrangère. Wenceslas Muller quittera l’Allemagne pour des raisons politiques en 1849. Leur destin va se croiser sur le bateau qui les emmène en Algérie. Muller a changé de nom et s’est engagé comme simple soldat. L’entrainement des Légionnaires est sans pitié, comme les punitions. Danjou est blessé et perd la main gauche. Il portera une prothèse en bois. Après l’Algérie, c’est la campagne de Crimée. Napoléon III a des ambitions territoriales et politiques. L’Italie ensuite et Magenta en 1859. Et puis il y aura le Mexique et Maximilien qu’impose la France. Ce qui provoque une guerre sans merci faite de guérillas et d’embuscades. Il faut que la route de Puebla reste ouverte pour acheminer artillerie et ravitaillement. La Légion est là en protection jusqu’à ce mois d’avril 1863 où la 3e compagnie du 1er Étranger tombe sur des milliers de Mexicains et se réfugie dans l’hacienda de Camerone fixant l’armée ennemie, empêchant que le convoi français vers Puebla soit anéanti. La suite on la sait le plus souvent. la Légion ne se rendra pas.
Ils sont devenus Français non par le sang reçu mais le sang versé. On peut toujours dire que tout ceci est bien loin, sans grande importance aujourd’hui. Ce serait une erreur. Ils venaient de tous les pays d’Europe comme plus tard en 1914 avec le Régiment de Marche de la Légion Étrangère, en 1940 à Narvik, puis à Bir Hakeim. L’Indochine jusqu’à Dien Bien Phu où la Légion refera Camerone, à Kolwezi où le 2er Régiment Étranger de parachutistes libérera les otages. En Afrique aujourd’hui, il y a des Légionnaires. Venus de tous les pays, de toutes les religions, ils croient à la Légion, à leur pays d’adoption qu’ils ont choisi de défendre jusqu’à la mort. Une vision quoiqu’il en soit honorable qu’il est bon de souligner car la France a toujours su, quelque soit les époques, faire appel à ses légionnaires. Thierry Gloris a eu raison de choisir Camerone, un sujet que la BD a déjà traité avec par exemple un Mc Coy de Gourmelen et Palacios. Il est toujours utile de se souvenir et de ne pas occulter son Histoire pour cause de politiquement correct.
Champs d’Honneur, Camerone, Avril 1863, Delcourt, 15,50 €
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