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Sorcières, drame en Catalogne

Un retour en arrière sur un album qui vaut le détour. Des Sorcières comme si il en pleuvait mais une histoire vraie, celle de la chasse éhontée qu’ont mené nobles et clergé en Catalogne en 1617, année du déluge. Oriol Garcia Quera a pris leur destin tragique à bout de plume, de pinceau pour en faire un très bel album très documenté qui s’ouvre par un dossier-préface. Il montre comment des pluies torrentielles en 1617 ont été le déclic qui mènera à des exactions terribles par bêtise, intérêt ou bassesse. Une leçon certes lointaine mais qui s’inscrit dans la lignée de toutes celles que les siècles à venir vont continuer à connaître. Un très bon dessin, réaliste et puissant.

Il pleut des trombes et ont n’a jamais vu ça. Automne 1617 la Catalogne est sous les eaux, les morts, les dégâts sont incomparables. Un prêtre prie pour calmer les cieux. Gabriella la femme du noble local pense qu’il faudra faire autre chose que des prières. Le bailli son mari souffre de maux de tête et est intraitable avec ses paysans accablés. La Gavrache est une vieille femme rebouteuse qui connait les plantes. Elle soigne les gens à moindre prix. On dit qu’elle a dû quitter son village accusée d’être sorcière. Avec elle la jeune Joana qu’elle initie. Le médecin du village se plaint de la concurrence de la Gavrache auprès du bailli qui préconise appuyée par sa femme une chasse aux sorcières pour calmer les esprits. On va trouver quelqu’un capable de les identifier.

Accumulations de témoignages douteux et de circonstances, rien ne va arrêter la machine. La progression narrative montre bien comment on en arrive au pire et sans états d’âme. Sauf dérapage imprévu. Des innocentes aux dons certains pour soigner avec des plantes vont mourir dans les pires souffrances. En fin d’album Quera dont on confirme la grande qualité du dessin rend hommage à ces femmes sacrifiées sur l’autel de la stupidité et de l’ignorance.

Sorcières, 1617, l’année du déluge ! Éditions Idées Plus, 16 €

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