François Ravard passe l’été à Antibes et jusqu’en novembre au Musée Peynet

De Dinard où François Ravard habite à Saint-Malo, il n’y a pas loin. Surtout quand c’est le Festival BD. C’est comme ça qu’on s’est rencontré. Les dessins de Ravard sont de petites merveilles que ce soit seuls ou en album (Clichés de Bosnie), en illustrations (Vague d’amour). Un virtuose de l’aquarelle à l’humour tout en finesse. François Ravard va jeter l’encre à Antibes au Musée Peynet du 1er juillet au 5 novembre 2023, une exposition qu’il faut aller voir absolument pour découvrir ses dessins pour lesquels on a une vraie passion.

François Ravard jette l'encre

Marc Goujon, commissaire de l’exposition a signé une parfaite préface dans laquelle tout est dit et bien dit, dans le moindre détail : Après Xavier Gorce et Jean Plantu, le musée propose pour cette année 2023 une ballade dans un univers bucolique, à l’instar des expositions passées consacrées à Mordillo ou au fonds Raymond Peynet. C’est une flânerie pleine de tendresse, une carte postale de cette région de Bretagne qui, même délaissée par les rayons ardents du soleil du grand sud et la lumière si particulière de la Provence, dégage la passion, le beau, la vérité, le naturel, le mystère et la légende. La peinture de François Ravard est une malle que l’on ouvre, et dans laquelle on retrouve ces albums photos à feuilleter avec tendresse. Des paysages, des vues sur l’océan, des instantanés, des cadrages, de la magie, au pays des fées et des Korrigans. La romancière Aurélie Valognes aime à dire qu’il « dessine pour chuchoter ce qu’il ne sait pas dire, pour crier ce qu’il pense, pour partager une émotion et être moins seul dans son ressenti ». Peindre la Bretagne n’est pas un exercice anodin, il faut en être imprégné, la comprendre, et à ce titre notre artiste, domicilié à Dinard face à la Cité des corsaires, est le privilégié d’un spectacle grandiose sans cesse renouvelé. Qu’importent les pluies ou les ciels noirs, le rayon de soleil qui s’en suivra fera naître cette magie de nouvelles teintes pastel qui ont enchanté les Corot, Turner, Matisse et tant d’autres. Les marées sont là pour effacer deux fois par jour le papier ou la toile afin que l’artiste se remette à l’ouvrage, sans cesse émerveillé.

François Ravard jette l'encre
La Foule. 2020. Aquarelle gouachée, 30 x 40 cm. Collection privée

La fluidité du trait de François Ravard, ses thèmes, la douce nostalgie qui se dégage de ses œuvres sont une signature, une empreinte. Il prend ses aquarelles et laisse glisser, comme l’eau sur les plumes d’un oiseau, ses pinceaux pour créer des panels de couleurs qui magnifient un instant d’existence, un sourire, une situation cocasse. On parcourt ses œuvres au rythme des vagues qui se font douces ou tumultueuses, gris sombre ou étincelantes telles des émeraudes. L’œil de l’artiste fixe le quotidien. Il nous parle de lui avec pudeur, mais il nous évoque notre existence avec la même délicatesse. Ces petits diablotins surveillant en se cachant la belle estivante se dirigeant vers la mer, est-ce nous ? Cette autre femme rondelette qui, de par sa tenue, fait sourire alors qu’elle passe entre les cabines de plage de Dinard, qui ne l’a vue ? Ces gamins qui courent sous le regard de bronze du grand maître britannique des oiseaux, Alfred Hitchcock, est-ce encore nous ? Ces flâneries, à la fenêtre, sous des lumières d’une pâleur langoureuse, ces soleils, qui rendent à la perfection les ciels orangés du littoral… Tant de souvenirs, tant d’imagination et tant de rêves.François Ravard nous offre un univers où il fait beau vivre.

François Ravard jette l'encre
La Parisienne. 2020. Aquarelle gouachée, 30 x 40 cm. Collection privée

François Ravard est né en Normandie en 1981. Il effectue à Rennes un cycle scolaire finalisé par un Bac scientifique. En 2001, il intègre une école d’infographie. Diplômé quatre années plus tard, il réalise son premier album, Le Portrait, édité par Carabas (avec Dauvillier). Suivront une quinzaine d’albums de BD, aux éditions Futuropolis Mort aux vaches et La faute aux Chinois avec Ducoudray – récompensé à Angoulême 2012, Didier, la 5e roue du tracteur avec Rabaté – Sélection FNAC 2018 –, aux éditions Glénat, série Les mystères de la 5e République, avec Richelle, 5 tomes parus, aux éditions Casterman, Nestor Burm, Les Rats de Montsouris, avec Emmanuel Moynot d’après Malet et Tardi.

Sauve qui peut !

L’artiste explore également le monde de la jeunesse à travers la réalisation de couvertures de romans pour Flammarion, Gallimard ou Didier jeunesse, et lance en 2022 une série, Clovis et Oups avec la romancière Aurélie Valognes, aux éditions Flammarion Jeunesse. En parallèle, il contribue régulièrement à différentes revues, comme le 1 Hebdo, La Revue Bastille, ou le magazine Fluide Glacial. Depuis 2017, François Ravard s’est tourné vers un univers plus poétique avec des dessins d’une grande délicatesse qui ont donné lieu à deux albums édités par Glénat, Pas un jour sans soleil et Vague d’amour. Il réside à Dinard où il dispose d’une galerie.

François Ravard jette l’encre
Musée Peynet et du Dessin humoristique
Place nationale 06600 Antibes

François Ravard
François Ravard. Nadège Samson ©
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