Hypericon, une ode à l’amour

Manuele Fior a été primé à Angoulême pour Cinq mille kilomètres par seconde en 2011. Année où j’avais la chance de faire partie du jury sous la présidence de Baru. Il n’y avait pas vraiment eu photo pour le récompenser. Depuis on l’a suivi avec L’Entrevue et voilà qu’il sort un petit bonheur, Hypericon, une histoire d’amour entre une insomniaque égyptologue italienne, un compatriote exilé à Berlin et Toutankhamon qui servira de refuge mental à la jeune femme. Un trait qui séduit, charme, des couleurs qui varient avec subtilité, Fior a conçu brillamment cette ode à l’amour et à la passion. Un des meilleurs titres de cette fin d’année si ce n’est de l’année.

Hypericon

1922 en Égypte alors que ses fouilles n’ont rien données, dans la Vallée des Rois, Howard Carter fait une ultime tentative, ramasse une fleur de millepertuis, d’hypericon et bingo. 1998, Teresa future archéologue part d’Italie pour Berlin où elle va être stagiaire sur une expo consacrée au pharaon. La jeune femme est insomniaque. Elle cherche un logement et dans le métro tombe sur un compatriote, un grand type sanglé dans un manteau d’officier allemand. Il lui propose d’aller au zoo mais pas en ligne droite. Balade au hasard, Teresa suit Ruben dans des lieux les plus divers, parc, Puces mais pas de zoo. Elle craque et s’en va alors qu’il lui offre un vélo et lui donne sa carte. En Égypte Carver découvre l’escalier qui semble mener à une tombe inviolée.


Manuele Fior a su avec une superbe dextérité se glisser dans la peau d’un conteur capable de mener de front des destins d’exception mais si humains. Certes le couple n’est pas Carter mais il y a en eux de la magie très égyptienne. Tout se tient dans ce conte. Ruben, Teresa, Berlin forment un tout dont la capitale allemande en pleine mutation en 1998 est le ciment. Le dessin est parfait, tout en finesse. L’intrigue est belle, le découpage clair, les plans supportés par des choix de couleurs, des teintes qui collent au trait. Hypericon est tout en douceur, jongle avec les sentiments des acteurs mais aussi des lecteurs sur fond de fleurs de millepertuis.

Hypericon, Dargaud, 23 €

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