Élections obligent, la BD en parle, reprend quelques thématiques déjà connues sur fond de politique très politicienne, les approfondissent si possible sans arrière pensée, objectivité mais qu’en-est-il vraiment ? Diversité ou opportunisme, actualité ou charge frontale de saison, chacun en jugera à travers des titres déjà traités comme Aux portes du Palais, la séduction extrême, une démonstration, une enquête en profondeur du comment les idées d’extrême droite s’installent (depuis des lustres) en France et qui pourraient bien finir par séduire une majorité. La Revue dessinée et Mediapart étaient associées à Hervé Bourhis sur un scénario de Baptiste Bouthier. On récidive avec La présidence Macron sous enquêtes, toujours Médiapart qui récapitule les affaires du quinquennat Macron (avant le prochain ?) et Bruno Mangyoku au dessin. Pour aussi parler du nerf de la guerre, la « com », la communication, son histoire, ses gourous qui font dire à ces femmes, hommes politiques soit-disant indépendants ce qu’il faut au bon peuple si ils veulent durer et continuer à le prendre pour une fleur de nave.

La présidence Macron sous enquêtes c’est La Revue Dessinée et Mediapart, une co-édition qui appuient là où ça fait mal. Encore que les politiques sont comme les chats, retombent sur leurs pattes et sauf vraiment dérapages incontrôlables sont des phénix capables de renaître de leurs cendres. Baptiste Bouthier est encore au scénario avec à la mise en scène, joli terme, Bruno Mangyoku. Les débuts par hasard dû aux déboires de Fillon d’un Macron inconnu au bataillon l’obligeait évidemment à jouer la carte de la probité « quoiqu’il en coûte ». On moralise.

De Rugy fait bombance, Mediapart dit tout, De Rugy parle de homard. Hop, on creuse, on vire. Mais rien n’est répréhensible judiciairement. On passe à Kohler et des petites affaires en famille plus la campagne de Macron, et secrétaire général de l’Élysée. Silence on tourne et pas en rond. Alors arrive Benalla, le Zorro du président qui dérape. Le bouquet en fait, mais pas final car le petit théâtre cadre de cet album n’est pas à un personnage près. Au Théâtre ce soir, mais Sabbagh n’est plus là et c’est beaucoup moins drôle que Poiret et Serrault. Une ligne claire pour des histoires qui ne le sont pas et un responsable à nouveau présidentiable qui dit qu’on a qu’à venir le chercher. Nominations, amitiés, copinages, Mediapart fait le vide que l’on aime beaucoup ou qu’un peu ce média, il faut se rendre à l’évidence qu’au moins ils sont là droits dans leurs bottes. Un ouvrage dans lequel il y a d’autres cas d’espèce, une très bonne vision graphique parfaitement cadrée.

La présidence Macron sous enquêtes, La Revue Dessinée / Mediapart, 18 €

Mais le moteur de tout, le lien, le discours de la méthode (politique) c’est la communication, le pouvoir brut de coffrage. La Revue Dessinée et le site web d’information Les Jours ont co-signé À l’oreille des politiques, un travail d’enquête de cinq ans mené par la journaliste Aurore Gorius. La narration graphique a été imaginée par l’auteur de BD Vincent Sorel et l’illustrateur Vincent Mahé. Bon alors, comment on communique ? Depuis longtemps d’abord. Des gourous qui dictent les formules du jour ou du débat. Des leaders Havas, Publicis, DGM Conseil, des noms et les débuts en 68 du CNPF qui se lance avec Michel Frois, des journalistes déjà qui sont suivis à la trace et tancés. Rien n’échappe à l’hydre de la com. Les patrons en tête et Frois encore qui a tout compris avant les autres, sera brillant en Indochine avec le Service Presse Information, une innovation. Aux USA, the first c’est Edward Bernays et sa vie est une page d’histoire, fumée des Lucky en prime.

On en découvre et pas des plus neutres. On revient at home. Havas, Cahuzac, Séguéla, le nombre de cartes de presse diminuent, vive le communicant. Pouvoir nouveau, dur si ce n’est pur. Vous saurez tout sur leurs trucs et astuces de ces communicants du nouveau siècle. Je prends les Français à témoin, laissez-moi vous dire, allez faire un tour chez Quotidien le soir sur la 10. Vous comprendrez mieux. Comme disent les auteurs « en somme, un travail de l’ombre pour débusquer les travailleurs de l’ombre ». L’enquête de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre révèle la dépendance de l’État aux divers cabinets de conseil. Ils avancent que ces interventions de cabinet coûtent plus de 730 millions d’euros par an. Faut croire que cela en vaut la peine. Pour eux.

À l’oreille des politiques, La Revue Dessinée / LesJours.fr, 17 €

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