Jusqu’au dernier, émotion et action pure

Le western n’arrête pas de faire des petits. Tout chaud sorti des grandes plaines, voici Jusqu’au dernier. Cette fois on est dans le sombre, le violent, le tragique. On aurait bien dit, au départ, qu’on allait chevaucher dans un registre traditionnel, les bons d’un côté, les méchants qui auraient un destin funeste, du solide bien cadré. Même le titre pouvait prêter à confusion. Et bien non, erreur. Jérôme Félix au scénario et Paul Gastine, au dessin d’une rare qualité, ont brouillé les pistes et sorti un petit chef d’œuvre, soyons fou, qui marque d’une certaine façon un tournant en BD comme Sam Peckinpah en son temps sur grand écran. Des paysages superbes et des personnages shakespeariens, mais la mort et la peur sont au rendez-vous.

Jusqu'au dernier Quand Russell débarque chez son copain William, c’est pour apprendre qu’il est mort. Sa femme aussi que veille son jeune fils, Bennett. Il l’emmène avec lui et la gamin grandit tout en suivant son père adoptif conducteur de troupeaux avec son copain Kirby. Mais le métier va disparaître car des gares naissent dans la prairie. Désormais on pourra envoyer le bétail vite et sans frais inutiles. Arrivés à Abilene, le trio se fait payer. Russell a décidé d’arrêter et d’acheter un ranch. Il propose à Kirby de s’associer avec lui. Pendant le voyage du retour, ils sont attaqués par d’anciens cow-boys chômeurs devenus pillards. Ils s’en sortent alors que non loin, un industriel propose au maire de la ville, Sundance, de créer une gare chez lui. Contre argent mais avec la garantie d’une croissance rapide. Le trio croise la maîtresse d’école et décide de faire une halte dans le patelin.

Jusqu'au dernier

On n’en dit pas plus, si ce n’est qu’on est très vite pris aux tripes. Rine ne se passe comme on aurait pu croire. Le dessin est bluffant, maîtrisé, puissant, digne des grands noms du western mais aussi de la BD en général. On se souvient de L’Héritage du diable qu’il avait dessiné mais avec Jusqu’au dernier, Gastine joue dans une autre catégorie. On pense parfois à Blanc-Dumont pour la rigueur graphique. Le scénario est lui-aussi d’un haut niveau, diabolique et humain à la fois. On a un coup de cœur pour cet album haut de gamme. Impossible de ne pas être conquis et ému. Et puis Sundance où tout se joue, c’est aussi là où se tient le festival de cinéma créé par Robert Redford.

Jusqu’au dernier, Grand Angle, 17,90 €

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