Waco Horror, le poids des photos

Début du siècle, le XXe aux USA où ségrégation, racisme sont toujours à l’ordre du jour et pour longtemps encore. Mais des voix s’élèvent, des femmes que l’on surnomme suffragettes s’insurgent, se battent. Dans Wacco Horror Elizabeth Freeman qui a vraiment existé a été celle qui a permis de savoir la vérité sur un lynchage, celui de Jesse Washington au Texas. C’est son enquête que raconte Waco Horror sur un scénario de Lisa Lugrin et Clément Xavier (Geronimo) avec au dessin plus couleurs Stéphane Soularue. Un album à la fois biographique, reportage et témoignage d’une rare force où Elisabeth Freeman montre tout son talent et son courage de journaliste indépendante.

Waco Horror

Dallas 1916, Elisabeth Freeman reçoit William Du Bois pendant un meeting de lutte contre le racisme. Du Bois a fondé le premier journal noir contre la ségrégation. Ils vont être les acteurs d’une photo choc où une blanche embrasse un noir. Elisabeth décide de partir pour Waco où un jeune noir a disparu, Jesse Washington, interpellé par le shériff et n’a plus donné signe de vie. Elle se souvient comment le mouvement des suffragettes s’était invité à l’investiture présidentielle en 1913, et où la ségrégation était malgré tout très présente. Elisabeth est très connue et son arrivée à Waco ne passe pas inaperçue. Un photographe Fred Gildersleeve est présent. Il va la prendre en photo alors qu’elle se met à la recherche de la maison de Jesse Washington qu’elle trouve au moment où arrive le shériff Fleming.

Le lynchage de Waco a été raconté aussi par Spike Lee dans son dernier film Blackkklansman. Mais c’est la presse à l’époque, l’enquête de Elisabeth Freeman qui a, grâce à son ingéniosité, sa volonté a dévoilé la vérité. Comme le montre l’album, elle a risqué sa vie car les habitants de Waco ont compris pourquoi elle était là. Pour les racistes du Sud une vie ne vaut rien si elle s’opposait à ce racisme endémique qui marque l’histoire des USA. On suit pas à pas la journaliste, ses contacts, et sa découverte des preuves ultimes, incontournables, les photos du lynchage qu’elle réussit à récupérer. Le poids, le choc des photos comme on disait, la vérité au grand jour à la Une du journal. Le récit est fort, clair, encourageant pour ce que doit être le journalisme à une époque aujourd’hui où il est galvaudé par ceux qui s’imaginent l’être sur le web entre autres. Les auteurs ont su ajouter une pincée d’humour dans cette histoire monstrueuse, une malheureusement parmi tant d’autres.

Waco Horror, Elizabeth Freeman, l’infiltrée, Glénat, 22 €

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