La mine, le grisou, les corps qu’on remonte, Le Jour d’avant est un mélange habile de fiction, d’Histoire avec le rappel de ces catastrophes souvent prévisibles comme celle de Liévin qui tuaient des mineurs pour cause de productivité. Le charbon était l’or noir et Sorj Chalandon en a tiré un roman adapté en BD par Romain Dutter au scénario, Simon Géliot au dessin et couleur. Une vengeance pour prix d’un frère mort au fond, une chronique d’un milieu social aujourd’hui disparu, le rappel des 42 morts de Liévin en 1974. Et l’injustice dont ils seront victimes.

26 décembre 1974, Michel conduit la mobylette de son frère Jojo et en est très fier. Jojo c’est Joseph fou de Steve McQueen dans le film Le Mans où il joue Michael Delaney. Jojo aurait bien voulu être mécano d’écurie mais à Liévin c’est la mine ou rien. Il est bien mécano mais dans le garage local et à la mine on a aussi besoin de type doué avec les moteurs. Son père est contre. Mourir pour le profit des houillères ce n’est pas un choix. Mais pour Jojo un mineur se reconnait à sa fierté. Jojo a trouvé sa femme Sylvia et il part à la mine. Il travaille à la fosse 3Bis et est copain avec des fils de mineurs polonais. Tour de mobylette avec le petit frère qui raconte l’histoire. Chatouilles de Jojo qui avait amené Michel découvrir la salle des pendus où on se déshabille avant de descendre dans la fosse, où restent les vêtements propres.

Mort de Joseph évidemment, d’un père, Michel devient mécano à son tour et un jour quitte le bassin, part à Paris où il rencontre Cécile. Il y aura le déclic plus tard, une lettre posthume du père, il se souvient de la tragédie, son frère d’abord blessé grièvement. La suite au lecteur de la découvrir à travers le talent de Sorj Chalandon et des deux auteurs qui l’ont adapté. Un texte brillant, des personnages forts pour un univers sans pitié dont il ne fait pas oublier les conséquences. Michel sera-t-il l’ange vengeur pour qu’on rende justice à ces hommes sacrifiés ? Un album bourré d’émotions complété par un riche cahier documentaire.

Le Jour d’avant, Éditions Steinkis, 26 €