La chute du régime dictatorial roumain, en décembre 1989, l’arrestation, le procès expédié, la mise à mort sans images du couple Ceausescu ponctuée par le bruits des rafales et par une vue des corps reste comme un des actes les plus manqués de l’Histoire. Il y avait la volonté d’effacer le plus vite possible toutes preuves d’un passé, présent qui aurait mené à un épuration approfondie en Roumanie. Avec L’Ours de Ceausescu, Aurélien Ducoudray (dont le Maidan Love est à relire en pleine actualité ukrainienne) propose une piste, une hypothèse après tout crédible, étonnante, une sorte de farce macabre (la clown n’est pas là pour rien), ironique et décalée. On est entrainé par cette chasse à l’ours en fond de scène que Gaël Henry a dessiné de main ferme, soulignant les contradictions des personnages, les ambiances pesantes, la métaphore d’une mort annoncée. L’ours des Carpates a deux visages. Gaël Henry sera à Narbonne en dédicace le 20 mai de 15h à 18h.
Viré en plein discours Ceausescu à Bucarest en décembre 1989. Vision souvenir de l’hélico qui l’exfiltre avec sa femme. Une jeune femme Irena est enlevée sur la grand place. Elle a eu l’enfance encadrée, communisante sous la houlette du régime. On ne rigole pas à l’école, dans les mouvements de jeunesse. Pas de nœud dans les cheveux et la camarade Elena épouse Ceausescu va venir visiter son ancienne école. Elle a de l’humour Irena qui se demande bien ce qu’on lui veut vingt ans plus tard, à elle et à Nicolea attaché à ses côtés. Nicolea a loupé son entrée dans la police d’état la Securitate. Le duo va vite être rejoint par d’autres Roumains dont un poète. Sa machine à écrire remplaçait seule les points d’exclamation par l’interrogation. Curieux. Manque plus qu’un clown pour parfaire la tableau.
Qu’est-ce qu’on leur veut à ces zozos en pleine révolution roumaine. Ils ont tous plus ou moins conditionnés mais leurs conscience voudrait bien reprendre le dessus. Portraits des membres du groupe, réponses, main mise policière, on garde le suspense en disant simplement que le récit ne laisse pas indifférent, et de loin. Ducoudray a des idées qui donnent le ton.
L’Ours de Ceausescu, Steinkis, 20 €
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