Camp Poutine, la Russie d’abord

Anlor et Aurélien Ducoudray avait signé A coucher dehors. Ils repartent en Russie avec Camp Poutine. Ducoudray a toujours eu un faible, et du talent, pour parler des pays de l’Est revenus plus ou moins de l’ère soviétique. Et des populations oubliées. Maïdan Love, l’Ukraine en ébullition, en est le dernier exemple. On n’oublie pas non plus, du duo, l’extraordinaire Amère Russie. Cette fois, c’est l’effet Poutine dans un camp d’été tenu par un ancien d’Afghanistan et son fils. A la fin du séjour, et après des épreuves très dures, paramilitaires, le vainqueur pourra rencontrer le précisent qui a une datcha non loin de là. Un enjeu mortel pour les adolescents. Une étude en fait très perspicace du pouvoir du nouveau tsar sur la population russe qui avait, et a toujours, la nostalgie de l’homme fort ou du parti puissant après l’ouverture à l’Ouest. Un voyage brillant vers une étude en finesse d’un phénomène géo-politique bien approché, ramené à une échelle humaine, par Ducoudray.

Camp Poutine Ils arrivent au camp Poutine. Deux semaines en plein forêt pour apprendre la survie sous la houlette du commandant Ryabkhov et son fils, Anton, complètement givré. Conditions de vie sommaire dans un environnement sauvage où quelques locaux timbrés subsistent. Katyusha est revenue aux camp pour un deuxième séjour. L’année précédente, elle a battu Anton et aurait dû rencontrer Poutine, récompense du stage. Mais Poutine avait eu un empêchement. Il faut qu’elle recommence à zéro avec sur le dos Anton qui est devenu lieutenant du stage. Le commandant leur raconte sa guerre et comment il a perdu une jambe au combat. Les épreuves sont violentes dignes de troupes très entraînées. Anton veut aussi participer au concours et va tout faire pour dégouter Katyusha. Des histoires terribles circulent parmi les adolescents.

Des armes, des cours avec visionnage d’exécutions djihadistes, attentats, la Russie d’abord est la base du stage. Bien sûr, la concurrence entre Katyusha et Anton, à l’esprit faible et torturé, est le socle de cette aventure, avec ses coups de théâtres et Poutine en fond d’écran. Un ancien goulag, des ambiances sordides, on est accroché au destin de ses enfants qui sont très proches de ce qu’ont du vivre par exemple les Jeunesses Hitlériennes. Et oui, il y aura le dénouement très provisoire. Mais ça, c’est une autre histoire. Sans oublier la Crimée qui va venir se mêler au jeu. A suivre car c’est un diptyque. Pour ceux qui connaissent, il y a dans cet album un petit air de Délivrance côté ados.

Camp Poutine, Tome 1, Grand Angle, 14,90 €

Camp Poutine

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