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Katanga T3, dispersion façon puzzle

Dernière ligne droite, le final, l’apothéose en sanguinolent majeur, il va y avoir des dégâts, du violent et sans appel. Dans le tome 3 de Katanga, en plein crise congolaise des années soixante, on élimine les fâcheux et on tente de survivre avec si possible les fameux diamants qui se baladent dans la nature. Voir épisodes précédents. Des mercenaires où ceux qui ont survécu, Tshombe, Lumumba, il est très fort Fabien Nury dans ce triptyque qui mêle romanesque et flux historique fignolé. Avec son ami, et néanmoins complice en talent Sylvain Vallée, il nous offre un voyage au bout de l’enfer. Les salauds vont devoir rendre des comptes ? Même pas, ils feront carton plein sur les paroles de la prière du para. Un comble. Un Taxi pour le cimetière. Dispersion façon puzzle.

Alicia raconte à son amant blanc comment avec son frère Charlie elle a grandit dans un environnement hostile et raciste. Charlie a toujours pris soin d’elle et a réglé ses comptes avec ceux qui avaient abusé de sa sœur. Ils se sont cachés à Léopoldville avant que Alicia aille dans un internat catholique. A Elisabethville, on livre Lumumba à Orsini et au ministre Munungo, cadeau de Mobutu. Mais qu’en faire ? Tshombe hésite à le tuer bien qu’il soit un danger pour le Katanga. Une tentative d’évasion peut-être ? Une suggestion mortelle d’Orsini. Exit Lumumba en directs devant les ministres mouillés en prime. Orsini fait le ménage, fait des steaks avec Lumumba aidé par un ex-SS, Gheysel, qu’il embarque dans la chasse aux diamants toujours entre les mains de Charlie et de Félix Cantor, ex-para français reconverti, et qui aimerait bien acheter une troquet. Orsini joue les effarouchés et se fait la malle avec son SS. Charlie contacte Alicia. Le dernier round peut être sonné.

Du bien noir mais tout ce qu’il y a de plus enivrant, fascinant. Une écriture à coups de machette appuyée par des rafales de PM, les gentils sont de la revue. Et le grand méchant loup est donné gagnant. Fabien Nury aime bien rebattre les cartes et comme c’est lui qui les distribue, on va de surprise en relance mortelle. Du grand art, trois albums enthousiasmants, encore une fois très cinématographique, à la limite du western à la katangaise. Une redécouverte de la crise de l’ex-Congo belge dont les séquelles ne sont pas guéries et surtout une Afrique où, soixante ans plus tard, règne toujours les mêmes fantômes.

Katanga, Tome 3, Dispersion, Dargaud, 16,95 €

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