Albums

Communistes ! La foi en des lendemains qui ont déchanté

Être communiste, un sacerdoce, une ligne de pensée qui n’accepte pas le déviationnisme ou mieux la critique, ou pire la remise en question. Mais être communiste c’est aussi un acte de foi courageux, honorable au moins pour la base. Et quand on a eu des parents communistes dans les années soixante-dix on pouvait encore y croire. Pascal Thivillon raconte, rend compte de son enfance, fait redécouvrir à des générations qui ont oublié Marchais Georges ou Rochet Waldeck ce que pouvait être le communisme, pouvoir avec lequel il fallait composer et pour qui la lutte finale n’était pas que les mots d’un hymne qui lui n’a pas été oublié mais que ceux qui le chantent n’ont que peu d’idées du sens. Une balade émouvante, passionnante et vraie. Qui sera un constat d’échec de femmes et d’hommes souvent sincères pour absence totale de capacité à la réflexion constructive hors de l’appareil d’un parti à la main de fer.

Papa, serrurier, et maman qui est institutrice sont communistes. Des purs. Pascal et son frère vivent dans les années soixante-dix, deux gamins dans la banlieue lyonnaise. Ils mangent les haricots du jardin de mémé et ils voient l’avenir en rouge, couleur du drapeau à la faucille et au marteau. Le papa, c’est maman qui l’a embarqué dans sa cellule, si l’on peut dire. Ils avaient fait 68 et s’imaginaient encore que le pouvoir était à prendre. Le Programme commun qu’ils disaient. Militant, sections locales, fédérations, comite centrale et Georges, le dieu vivant. Sans oublier la CGT, bras syndical du parti. Pascal va découvrir les réunions où on fantasme mais aussi on construit ce qui pourrait être un avenir qui brille. Les tracts et les affiches, le local, le démarchage d’adhérents potentiels et des réactions parfois violentes. On va à la manif et le peuple est dans la rue. A l’époque il y avait du monde au balcon. La Fête de l’Huma Rhône-Alpes et Joe Dassin sur scène, il est heureux en fait Pascal. Et puis arrive un certain mai 1981 avec Tonton et ses grandes dents.

Le grand frère soviétique qui dit quand il faut l’ouvrit et la fermer, Garaudy exclu, c’était aussi ça le PC sous tutelle qu’on a surnommé en 1945 le parti des fusillés pour sa résistance contre les Allemands. Mais à partir de 1941 quand Staline n’est plus copain avec Adolf. Le récit autobiographique de Pascal Thivillon est un reportage, une photo d’une époque et d’un mythe disparu avec la chute de l’URSS. Des communistes il y en a encore même si le parti n’a jamais su évoluer. Il suffit d’écouter encore aujourd’hui ses membres élus à l’Assemblée ou le patron de la CGT. La bonne question ce serait de savoir pourquoi communisme signifie dogmatisme. Reste que cet album est un excellent condensé, touchant et authentique.

Communistes ! Glénat, 15 €

Partager

Articles récents

Interview : Kokopello pour un grand bazar décrypté

L'Union Européenne, un grand bazar, c'est ce que dit Kokopello dans La Tour de Babel…

28 avril 2024

Les aventuriers de l’Urraca, des pirates divers et variés

Un capitaine pirate pas très doué au moins en apparence qui va jouer son va-tout…

28 avril 2024

L’odeur des pins, on ne savait pas en Allemagne nazie

Il fallait bien plus de 200 pages pour raconter vie et destin d'une famille allemande…

27 avril 2024

Dracula, L’ordre du dragon, un retour réussi et palpitant

Un nouveau Dracula, un de plus ? Pas sûr car L'Ordre du dragon sous-titre de…

27 avril 2024

Glénat et Vents d’Ouest passent au poche

Ce ne sont pas les premiers et la tendance se confirme. La BD aime de…

26 avril 2024

Buck Danny « Classic », L’ombre rouge, guerre froide et Howard Hugues

Un nouveau diptyque dans la collection Buck Danny "Classic" dont les épisodes s'intercalent avec les…

26 avril 2024