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Feuilles Volantes, merveilleux

Alexandre Clérisse a un talent fou. On l’avait rencontré pour L’Été Diabolik. Souvenirs de l’empire de l’atome, Une année sans Cthulhu, sans oublier Jazz Club, Clérisse a choisi cette fois le solo pour ses Feuilles Volantes. Un hymne à la BD, au dessin, à l’imprimerie, trois époques, passé, présent, futur, des liens, des astuces innovantes, un découpage et une mise en page incroyable, jubilatoire. Clérisse a endossé finalement l’aube de son moine copiste et signe une symphonie dans laquelle son jeune héros, Max, pourrait bien avoir un peu de lui. Que du bonheur éclairé par ce trait qui lui est si personnel. Merveilleux dans tous les sens du terme.

Max dessine enfermé dans sa chambre. Le jeune garçon ne rêve que de BD. Il accepte d’aller prendre l’air pour aller voir de plus près une bâtisse médiévale car son récit se passe au Moyen Âge. Dans la forêt il rencontre un homme qui se dit un pro du 9e art qui lui donne quelques conseils dont celui de se documenter. Ce qui excite la curiosité de Max qui décide d’arrêter l’école pour devenir dessinateur. Mais son père l’embauche comme aide pour des travaux de rénovation dans une ancienne abbaye. Max trouve caché dans le plancher des caractères anciens d’imprimerie en plomb. Au retour il croise l’inconnu de la forêt qui était éditeur de BD et invite Max à passer le voir chez lui pour lui montrer ses travaux. Commence alors un étonnant voyage dans le temps, passé et futur dont Max sera l’instigateur.

On va donc aller découvrir comment l’imprimerie a bouleversé le monde tout en étant au départ considérée comme diabolique. Le moine copiste de l’histoire en sera le pionnier, le défenseur d’un imprimeur qui ressemble beaucoup à l’éditeur. Dans le futur Suzie comme son père Max a la BD dans le sang. Elle est devenue dessinatrice et un frère un peu lourd mais elle a du mal à continuer la série vedette de son père. On comprend évidemment que tout se tient et que ce n’est qu’après trois prologues, comme les trois coups d’une pièce de théâtre que l’histoire commence. Mais là il faut absolument aller se plonger dans cette merveilleuse balade en couleurs directes, originale, géniale, belle aussi. Conclusion, dénouement, Alexandre Clérisse a fait preuve d’un très subtil talent de metteur en scène en plus des audaces graphiques. A lire et relire.

Feuilles volantes, Dargaud, 23 €

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