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Retour à Killybegs, la guerre à la guerre

Mon Traître, adapté du roman largement autobiographique du journaliste de Sorj Chalandon, a été un des grands moments de l’année dernière. Cette incursion menée par Pierre Alary au sein de l’IRA, l’Irlande du Nord et ses combats acharnées, le tout avec comme toile de fond le destin d’un homme qui a été l’un des héros du mouvement. Puis un traitre qui faudra éliminer. Tyrone racontait dans ce premier tome comment il a été recruté par les Anglais alors qu’il est une figure de la résistance. Mais qu’a-t-il vraiment fait ? Que a été sa vie, son enfance, son entrée dans l’IRA. Avec Retour à Killybegs, comme il l’avait annoncé à ligneclaire à la dernière Comédie du Livre à Montpellier, Pierre Alary donne corps à une fiction  poignante dans le prolongement du roman de Chalandon qui porte le même titre. 

Tout commence en 2007. Tyrone Meehan écrit sa vérité, témoigne. Il attend sans le dire ceux qui vont le tuer pour avoir trahi l’IRA, avoir été un agent des britanniques. En 1921 son père se bat déjà pour l’Irlande, contre la Couronne pour un pays uni. Il a été torturé en prison et depuis est devenu un père violent. Puis un salaud méprisé. On a retrouvé son père mort, des cailloux dans les poches pour mieux se noyer, mais le cœur a lâché avant. Tyrone et sa mère en 1940 passent à Belfast. C’est la seconde guerre mondiale, les bombardements mais aussi les protestants quo font la chasse aux catholiques irlandais. Il faut rejoindre le ghetto. C’est là que Tyrone fera ses premières armes dans l’IRA. Son frère est emprisonné, battu, humilié. Et c’est son tour. Ils jurent fidélité à l’IRA.

Pourquoi Tyrone a-t-il trahi ? C’est le thème central de ce nouveau volume. On peut aimer un pays à en trahir car on veut que ses souffrances cessent. La prison, il va continuer à y aller Tyrone. Son meilleur ami, Daniel, est tué devant lui, dans des combats de rue. Le tournant. Rien ne l’arrêtera, prisonnier intraitable jusqu’à ce jour où tout va basculer. Mais ça c’est à découvrir absolument dans cet opus implacable où les salauds sont bien ceux qu’on croit, agents traitants britanniques sans le moindre état d’âme. Un pion Tyrone, pris entre des feux qui vont le détruire. Pierre Alary a tracé sur le texte de Chalandon un récit au graphisme prenant qui s’enchaîne sans longueur, en souplesse, avec une vraie tendresse pour ce héros perdu.

Retour à Killybegs, Rue de Sèvres, 20 €

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