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Interview : Carole Maurel de Comme chez toi à Luisa, un talent délicat

A chacun de ses ouvrages, que ce soit par son dessin ou ses histoires, les siennes ou celles de ses scénaristes, Carole Maurel étonne et séduit. Par son talent, sa progression qui, avec Luisa ici et là (La Boîte à bulles), se confirme, explose, elle a en peu de temps pris sa place dans un univers compliqué. Carole Maurel a un trait délicat, enlevé et qui sait aussi être joyeux. Une personnalité sincère, attachante et pertinente. Elle a répondu aux questions de ligneclaire sur sa carrière et ses projets. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Comment en êtes vous arrivé à la BD, Carole Maurel ?

J’ai fait l’école des Gobelins. J’ai travaillé dans l’animation mais j’en avais un peu assez de la production TV de dessins animés, de la direction artistique. Je n’étais pas propriétaire du graphisme. J’ai fait de l’illustration et du story-board. J’étais plus séduite par le visuel. Il y avait un décalage entre ce que j’aimais faire et ce que j’aimais chez les autres.

Quelles ont été vos références en BD ?

Bastien Vivès. Quand j’ai ouvert Polina, j’ai été bluffée. Le dessin était vraiment placé au service de la narration et de l’histoire. Le dessin permet de séduire. On appréhende des univers.

Dans Comme chez toi on est dans l’humour et la vie au quotidien de copines qui co-habitent ?

Oui. Je regrette de ne pas avoir pu pousser mon scénario dans des histoires plus complexes. Dans Apocalypse selon Magda par contre le scénario de Chloé m’a permis de faire de la mise en scène plus cinématographique. Le projet m’a plu et l’univers m’a touché.

Pour Luisa ici et là vous êtes seule à la barre. D’où vient cette histoire aux bases fantastiques ?

L’histoire était là. Elle n’est pas forcément autobiographique. J’ai souvenir de dialogues entre moi et mon double quand j’étais adolescente. J’ai pré-publié sur mon blog. Le public a été réceptif et j’ai été rassurée. J’ai eu des difficultés à écrire le scénario, très dense. J’ai trouvé l’approche. J’ai écrit et découpé ensuite. A partir du story-board quand j’ai eu les dialogues prêts après avoir déterminé les chapitres, j’ai fait des recherches sur les personnages. Des allers-retours. J’avais le soucis que l’histoire de Luisa soit crédible. Que l’on puisse croire à cette adolescente qui débarque dans son futur et se découvre à trente ans puis repart dans son présent.

Et après ? Quelle va être la suite ou les suites ?

J’ai plein d’idées en stock, des envies, des désirs. Chez Delcourt j’ai bientôt un album Collaboration horizontale qui se passe pendant l’Occupation. Il est prévu pour début 2017 avec Mademoiselle Navie au scénario. L’approche graphique sera différente de Luisa. J’ai aussi envie d’humour mais c’est un exercice difficile. L’épouvante me tente aussi. C’est un challenge de faire peur. L’érotisme aussi comme Zep et Vince avec Esmera. Une belle expérience en BD. Je travaille actuellement sur un documentaire pour la Revue dessinée et son journal pour ados, Topo. Le sujet sera le Bangladesh.

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