Il aura été une cible sur laquelle il était de bon ton de tirer à boulets rouges. Depuis l’affaire du Sofitel sur laquelle on ne saura sûrement jamais toute la vérité, Dominique Strauss-Kahn s’est vu ensuite affligé de tous les maux. L’ancien futur président a été embarqué dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire du Carlton où, avec d’autres personnages parfois atypiques, il était accusé par des juges d’instruction moralisateurs et sans recul, imbus d’une puissance sans frein, de proxénétisme aggravé en bande organisée. Flinguage garanti, tout était semble-t-il joué. Sauf que la pièce n’a pas eu la fin prévue. Dans Le Procès Carlton, une excellente consœur, Pascale Robert-Diard du Monde, et un brillant dessinateur, François Boucq, ont fait cause commune pour rendre compte en toute objectivité de ce qui restera comme une leçon de droit à l’encontre de juges d’instruction qui ont confondu pouvoir et interprétation du code.
Pascale Robert-Diard est l’une des spécialistes de ces scènes incroyables en prétoire où se joue le destin de femmes et d’hommes à qui la Justice reproche des actes divers, souvent hors normes. Jamais à l’abri d’un coup de théâtre. François Boucq, lui, est un auteur de bande dessinée. Il a endossé avec le Procès Carlton le costume de dessinateur judiciaire, de presse, seul moyen d’avoir des traces visuelles d’un procès qui ne peut être photographié après son ouverture et pendant les débats. Pas évident cette association. Il a fallu que Pascale Robert-Diard s’adapte au format de cet album et non plus à ses chroniques quotidiennes du Monde remises en forme. Et Boucq vivait en direct un scénario qui allait évoluer selon le bon vouloir des acteurs.
Le Procès Carlton, Le Lombard, 15 €
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