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La Pyramide de Ponzi, voler Pierre pour payer Paul

Il a été en quelque sorte un précurseur, celui d’un Madoff bien sûr, et de pas mal d’autres escrocs à la finance. Mais avec Carlo Ponzi on a atteint des records. Son coup de génie, rémunérer les investissements de ses clients par les fonds des nouveaux arrivants. Jusqu’au jour où l’argent qui entre ne couvre plus celui qu’il faut rembourser. On parle aussi de système de cavalerie. Le Pyramide de Ponzi, c’est le titre de ce passionnant album qui raconte par le détail grandeur et déchéance de son inventeur, immigré italien aux USA et qui à presque failli en devenir un candidat à la présidence. Car Ponzi a eu un vrai succès à tout point de vue, capable de se remettre en selle et de repartir de plus belle. Xavier Bétaucourt s’est attaché à suivre les traces de Ponzi et Nathalie Ferlut (Artemisia) a mis en images d’un dessin expressif ce destin d’exception que seuls les États-Unis sont capables de créer.

Il débarque tout feu tout flamme et pour faire fortune. C’est normal pour un Italien qui arrive à New-York en 1903. Mais les débuts vont être difficiles. Petits jobs pour ce garçon à grande gueule qui finit, sous le nom de Bianchi, à se faire admettre dans une grande banque à Montréal. Il devient un familier des Zarossi, propriétaires de l’établissement et essaye de sortir de l’impasse le patron qui a fait des investissements hasardeux. Échec. Il lui faut trouver de l’argent, il falsifie des chèques et se retrouve en prison. Retour au USA et encore un séjour en prison pour avoir favorisé l’immigration clandestine. Il y rencontre un grand escroc, Charles Morse, qui va lui donner des conseils. Un principe, sacrifier les banques malades et renflouer les autres en redonnant confiance aux clients. A sa sortie, il continue à voyager et devient indicateur de la police de La Nouvelle Orléans. Il se retrouve à Boston. On est en 1917, il a un boulot et épouse Rose. Cela ne lui suffit pas. Il lui faut la fortune et il prend la tête de l’entreprise de son beau-père. Il crée sa propre boite d’import-export, un journal dans lequel il fait sa pub, magouille sur les coupons d’envois internationaux. C’est parti, Ponzi va faire fortune. Et s’offrir une banque.

Il faut bien suivre le montage que Ponzi met en place. Certes cela peut paraître simple mais pas si évident que ça. Ponzi avait du talent, celui des grands financiers. De là à dire que la frontière avec un escroc est fort mince, il n’y a qu’un pas où l’épaisseur d’un billet de banque. Ponzi saura aussi jouer avec les appuis des politiques, de la police. Un génie Ponzi, mais pas pour ses épargnants. Il finit par se planter mais bien aidé par ses propres collaborateurs qui ont voulu jouer dans la cour des grands. Il sera même employé par l’Italie fasciste et mourra fauché à Rio. Comme disait Ponzi, « voler Pierre pour payer Paul ». Ponzi fera des émules et ce n’est fini tant est grande la crédulité humaine.

La Pyramide de Ponzi, Delcourt/Mirages, 17,50 €

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