On pensait tout savoir de Gauguin. Ou au moins avoir une idée à peu près précise de ce peintre de génie. Et pourtant dans Gauguin, loin de la route (Le Lombard) on découvre un homme de passion, de liberté, de justice, exaspéré par le colonialisme. Loin de l’imagerie traditionnelle, l’ouvrage de Maximilien Le Roy et Christophe Gaultier fera date et se dévore pour aller à la rencontre d’un artiste étincelant et humaniste.
Ami d’un jeune vietnamien exilé par le gouvernement français pour agitation politique en Indochine, de Tioka le Polynésien, entouré de Sara qui sauvera ses écrits, Gauguin se suicide à petits feux. Entier, dépouillé de ses oripeaux d’étranger, Gauguin est revenu à la terre, à l’authenticité de cette Polynésie qu’il a adoptée. Gauguin a voyagé, eu cinq enfants, envoie des toiles à Paris dans une galerie, a côtoyé Van Gogh. Il aurait pu rentrer en France se faire soigner. Mais on lui avait dit qu’il était devenu un mythe, un artiste légendaire. Il n’a pas voulu le tuer et en est mort.
Gauguin était-il un révolutionnaire ? Un anarchiste ? Finalement peu importe. Maximilien Le Roy a écrit une biographie qui, sous cette forme graphique, non seulement manquait mais est importante pour appréhender correctement l’œuvre de Gauguin. Gaultier a ce trait épais, instinctif qui apporte encore plus de force et de véracité à la détresse d’un Gauguin pour lequel on ne peut qu’avoir affection et respect.
Gauguin, Loin de la route, Le Lombard, 19,99 €
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