Une œuvre à la fois joyeuse, émouvante, conviviale, pleine de vie. Carlos Aon et Alejandro Farias ont adapté en BD la pièce à succès de Jorge Accame, Venise. Comment des filles (de mauvaise vie comme on dit bêtement) vont-elles pouvoir emmener la vieille Gringa à Venise où l’attendrait son amoureux ? Car Gringa est aveugle et en prime on est dans la région de Buenos Aires, ce qui n’est pas la porte à côté. Mais voilà, les filles ont des idées, de l’amour aussi à revendre et après tout Venise ce n’est pas le bout du monde. Et comme on dit si tu ne vas pas Lagardère, Lagardère viendra à toi. Faux avoir des bases, sacré Bossu. Une balade portée à l’écran en 2019 qui touche, sonne juste, est charmante sous un trait léger, révélateur, enchanteur. Voir Venise ou mourir.
Elle danse les filles pour mieux séduire les gars qui passent. Avec sa valise Gringa erre sur les quais imaginaires qu’elle ne peut voir. Elle est aveugle. Le pianiste Chato qui joue pour ces dames a une envie pressante, donnant donnant. C’était le marché. Graciela la récupère car Gringa reste la tenancière de la maison close où elle a elle même fait ses gammes autrefois. Son Don Giacomo l’attendrait à Venise. Quand jeune elle est arrivée à Buenos Aires, elle l’a connu et il lui parlait de Venise, d’un coffre plein d’or. Qu’elle lui a piqué pour acheter son bordel. Giacomo l’aurait pardonné et l’attend à Venise. Mais paumée en pleine montagne, pour aller à Venise il n’y a que l’avion et c’est cher, l’équivalent de 700 clients. Pourtant les filles lui doivent beaucoup mine de rien, alors Venise pourquoi pas ?
La suite il faut aller la découvrir dans ce petit bijou tendre à souhait, drôle et touchant. Elles ont plein d’idées les trois filles qu’elles vont mettre en œuvre pour que la Gringa puisse accomplir son rêve. On les suit attendri, amusé sur le dessin de Aon joliment expressif qui alterne scènes réelles et rêvées. Une comédie savoureuse, sentimentale à l’humour léger. Pour une fois qu’on peut lire une pièce de théâtre en images.
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