La suite d’une des plus belles et folles sagas, celle de la course irraisonnée aux records de vitesse sur la piste du Bonneville Salt Flats, non loin du Grand Lac Salé aux USA, ou en Australie sur le Lake Eyre. Des monstres à réacteur qui ont tout de jets sans ailes et s’offrent parfois des décollages intempestifs et mortels. Toute une époque au début des années soixante que Marvano a voulu restituer et à laquelle il rend hommage à travers ces fous dans leurs étranges machines. Dans ce tome 2 de Bonneville qui clôt ce diptyque époustouflant de fureur, de vitesse, de larmes et de passion, on va jusqu’au bout de la piste, la mort de Campbell sur son Bluebird en 1967 qui restera un souvenir marquant pour une génération d’adolescents en mal de héros. Les astronautes prendront la relève.
Zeldine, la crevette, est donc le témoin, le narrateur de cette fuite en avant qui se soldera par des morts nombreux, des oiseaux de feu et des records qui aujourd’hui font partie d’une légende oubliée que Marvano a bien fait de faire revivre. Un trait superbe, épuré comme ses modèles d’acier, le souvenir aussi d’une grande dame Betty Skelton, pilote virtuose, sélectionnée par la NASA. Les années passent, on perd des bombes atomiques en Espagne sur Palomares. On tourne Grand Prix. Émeutes à Los Angeles. On a une belle dose de nostalgie avec ce Bonneville mais surtout d’abnégation et de courage, d’hommes sans calcul, libres et un peu fou. Un bel ouvrage supporté par le dessin élégant de Marvano et les couleurs de Bérengère Marquebreucq. Une chronique tardive mais qu’il fallait absolument faire.
Bonneville, Tome 2, 1968, Dargaud, 13,99 €
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