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Manara, 50 ans à si bien sublimer le réel

A croire que les éditions Glénat ont voulu proposer le cadeau de Noël idéal. Avec Sublimer le réel, rétrospective des 50 années de carrière de Manara, on a un recueil sans pareil, complet, diversifié, et surtout sans textes invasifs qui, le plus souvent viennent perturber la vision des œuvres présentées. On accomplit un voyage au cœur même des mille et une facettes du talent du dessinateur par contre parfaitement présentée en quatre pages par Claudio Curcio qui connait par cœur son Manara. Comme il le conseille il faut se laisser aller, suivre son propre rythme, choisir le page à page dans l’ordre, ou sauter des étapes, revenir en arrière, être séduit encore et toujours. Si Manara n’avait pas existé, on aurait pu en vouloir au créateur. Dieu, merci, n’a pas failli.

Une surprise car tout connaître de Manara est certes possible mais par d’honorables spécialistes. Et être accueilli dès les premières pages par Lee Van Clef, Eastwood ou Delon étonne, mais bien vite c’est la femme, les femmes qui prennent le dessus. Le grand Maître en la matière les croque avec délicatesse, érotisme, dès 1970. Son trait est déjà affirmé. Un coup à ce que Paul VI l’excommunie. Politique Manara dans une Italie de feu en 1975. Grande Histoire aussi, Napoléon, Révolution française et femmes à bonnet phrygien sabre au clair. Il y aura la saga Bergman, un titre de chapitre. Il la doit à un certain Hugo Pratt qui va aider le jeune Manara, en devenir en quelque sorte le mentor avant de collaborer avec lui. Giuseppe Bergman l’aventurier rencontre HP sur l’Amazone, au Kenya, en Inde avec une tigresse. Une double page pour la couverture de l’intégrale en 2017. Femmes des années 80, Le Déclic, Borgia, Le parfum de l’invisible et enfin Le Caravage, sublime.

On n’oublie par L’Été indien et El Gaucho, nos préférés. Pratt est avec Manara. La Presse, des affiches, rien n’arrête Manara qui tourne autour du 7e art. Bardot, Julia Roberts, et même Betty Boop revue et largement corrigée par Manara avec Louise Brooks, Monroe. Reste, et il compte, Fellini, Roma, Mastroianni. Passionné Manara le créateur pour son œuvre bouillonnante, extravertie et si riche. On dira qu’un recueil ne peut pas justement, tout dire, tout montrer. Sublimer le réel était un titre parfait qui colle au talent, à la volonté enthousiaste de Manara pour ce bel album qui apporte rêve et volupté au concret, d’un incontournable inspiré du 9e art. A noter qu’une édition luxe est proposée, signée, en tirage limitée. Une autre idée de (très) beau cadeau.

Sublimer le réel, Glénat, 49 €

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