Une biographie ou un panégyrique, un éloge pour un Président de la République qui est à ce jour le plus jeune qui ait gouverné la France. Valéry Giscard d’Estaing avait 48 ans et se retrouve en fait propulsé vers la fonction suprême parce que Georges Pompidou meurt au printemps 74, il y a 50 ans. Retour sur la vie d’un homme brillant, d’une rare intelligence et qui aura été avec Pinay son maître l’un des meilleurs « grands argentiers » de la République. Jean-Claude Bartoll, journaliste et scénariste de BD (Au nom de la République) a décortiqué non seulement le septennat de Giscard mais aussi sa jeunesse, sa course au pouvoir, son échec à sa deuxième élection pour cause de trahison chriraquienne contre Mitterrand, et sa vie d’homme politique sans trêve ni repos. Au dessin Corentin Longrée qui a su reconstituer portraits et ambiances des acteurs divers et variés qui ont entouré Giscard, un homme dont le parcours a de quoi faire pâlir les prétendants marionnettes divers actuels sans talent ni formation à l’exercice si difficile du pouvoir.
Il est candidat en avril 1974 depuis sa maison de Chamalières. Giscard qui aura été l’un des plus actifs ministre des Finances que ce soit sous De Gaulle qui l’appréciait, ou Pompidou à un moment où la France a remboursé sa dette aux USA et n’a qu’une dette nationale de 7% (on croit rêver) se voit un destin national. Il en a toujours rêvé. Giscard à la barre mais aussi un concurrent redoutable, un gaulliste historique Chaban-Delmas mais Chirac en embuscade, loup aux abois qui appelle à voter Giscard. En face Mitterrand, un has been qui va être battu de peu (50,81% des voix qui n’a pas le monopole du cœur, mais qui le battra en 1981). Giscard même si ses attitudes parfois maladroites, froides ont pu jouer contre lui est un homme de conviction. A 18 ans il s’engage dans l’armée française de libération, se bat en Allemagne. Il est ensuite un étudiant brillant, l’X, l’ENA, une puissance de travail incomparable. Inspecteur des Finances, va en Algérie, commence à monter son équipe de J-J.SS à Simon Nora, Poniatowski. Appuyé par Edgar Faure qui le prend dans son cabinet.
Giscard c’est la loi pour l’avortement avec Simone Veil, des femmes au gouvernement comme Françoise Giroud. Il commence par être député, il est Européen, vote l’investiture de De Gaulle en 58, suit Pinay au gouvernement. Un cerveau Giscard que l’on suit pas à pas dans cet album qui est un hommage tout en reprenant ses faits d’armes ou malgré tout son refus de statuer sur l’abrogation de la peine de mort. En 1974, au printemps je devenais stagiaire journaliste dans un grand quotidien dont le suivi de toute sa carrière en direct s’est imposé. Le papier du journal faisait loi. Giscard était lui un homme de TV, démantèle l’ORTF gouvernementale. Helmut Schmidt et Giscard, l’amitié franco-allemande, on aura tout couvert avec le choc de 1981 qui a bien des similitudes avec aujourd’hui, un Mauroy qui financièrement met la France à genoux et que Mitterrand vire. Giscard mettra en place une vraie politique sociale quoiqu’on en dise, ses réformes sont toujours respectées. Le minitel, le nucléaire, il crée une mairie de Paris, donne l’ordre au 2e REP de sauter à Kolwezi sauver les otages français et belges, un acte courageux, et il y aura aussi quelques dérapages dont l’affaire des diamants ou les chasses africaines, Giscard à la barre a toutefois bien servi les institutions et le peuple français. On devrait s’en souvenir et cette BD le fait à merveille avec un dossier précis en fin d’album et avec l’appui de la Fondation Valéry Giscard d’Estaing.
Giscard, Un destin pour la France, Éditions Chronique, 15 €
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