Une autre façon de faire de la BD, coller au sujet et surtout adapter sans trahir. Philippe Squarzoni a pris a bras le corps le livre incontournable de David Simon (il sera à l’origine de la série The Wire) qui raconte sans fioritures, sans sauce ajoutée, le quotidien de la brigade criminelle de Baltimore. Dans ce tome 2, autant dire qu’on est très loin des séries fantasmées par la TV ou le cinéma. La banalité d’une ville où l’on meurt beaucoup en particulier dans les années quatre-vingt avec 240 crimes par an, Homicide est un constat implacable sur la violence urbaine américaine que l’actualité récente pointe encore et toujours du doigt.
Un travail de fourmi, de détails, sans course-poursuite, fusillades, on est dans le banal d’une enquête où il faut avoir des idées, de la chance et travailler dix heures par jour ou plus. C’est cela Homicide, pas de gloire, des doutes et le poids des responsabilités dues aux victimes innocentes. Trouver le coupable. Un descriptif en voix off, sans sourire ou humour, un dessin sobre mais précis, ponctuel, du concret qui accroche pourtant aussi bien si ce n’est mieux que du romanesque. Philippe Squarzoni a su maîtriser tous les écueils de la mise en images du bouquin dont le meurtre de la petite Latonya est le fil rouge, une série choc prévue en cinq tomes.
Homicide, T2: 4 février – 10 février 1988, Delcourt, 16,50 €
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