Homicide T2, le meurtre de Latonya à Baltimore d’après David Simon

Une autre façon de faire de la BD, coller au sujet et surtout adapter sans trahir. Philippe Squarzoni a pris a bras le corps le livre incontournable de David Simon (il sera à l’origine de la série The Wire) qui raconte sans fioritures, sans sauce ajoutée, le quotidien de la brigade criminelle de Baltimore. Dans ce tome 2, autant dire qu’on est très loin des séries fantasmées par la TV ou le cinéma. La banalité d’une ville où l’on meurt beaucoup en particulier dans les années quatre-vingt avec 240 crimes par an, Homicide est un constat implacable sur la violence urbaine américaine que l’actualité récente pointe encore et toujours du doigt.

HomicideL’inspecteur Tom Pelligrini est le premier à être arrivé sur les lieux du crime d’une jeune fille, Latonya Kim Wallace. A lui l’enquête mais il sent de suite que la scène du crime a été bâclée. Commence un travail de fourmi. Il faut aller vite mais pas de témoins, pas de traces. Où a été tué la fillette ?  Des cheveux mais pas concluant. Un curieux type, le poissonnier est un possible suspect. Les flics harcèlent les dealers du quartier où a été retrouvé le corps. Quant au mobile d’après les inspecteurs de Baltimore il ne sert à rien pour trouver le coupable. Trouver le comment pour savoir qui. Ne pas tout dire à la Presse mais la hiérarchie policière parle trop. Un suspect de plus mais pas de preuves. L’affaire Wallace est faite pour durer. D’autant qu’un meurtre qui pourrait mettre en cause un policier vient troubler la donne des flics de Baltimore. La gâchette un peu trop facile ?

Une année dans les rues de Baltimore

Un travail de fourmi, de détails, sans course-poursuite, fusillades, on est dans le banal d’une enquête où il faut avoir des idées, de la chance et travailler dix heures par jour ou plus. C’est cela Homicide, pas de gloire, des doutes et le poids des responsabilités dues aux victimes innocentes. Trouver le coupable. Un descriptif en voix off, sans sourire ou humour, un dessin sobre mais précis, ponctuel, du concret qui accroche pourtant aussi bien si ce n’est mieux que du romanesque. Philippe Squarzoni a su maîtriser tous les écueils de la mise en images du bouquin dont le meurtre de la petite Latonya est le fil rouge, une série choc prévue en cinq tomes.

Homicide, T2: 4 février – 10 février 1988, Delcourt, 16,50 €

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