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J’ai tué Abel, l’œil n’était pas dans la tombe

Une malédiction, celle de Caïn qui a tué Abel au commencement des temps. Caïn puni par Dieu doit expier son péché. Seul Abel pourrait à son tour le tuer et le délivrer. Dans J’ai tué Abel, Serge Le Tendre replace l’éternel combat du bien contre le mal, la perversion de l’âme, à Babylone où règne Nebunedzar le cruel. Sa victime désignée, Hamor le berger qui va marier sa fille. Guilaume Sorel a donné toute la force de son dessin souverain et dramatique à cette quête de la rédemption impossible.

Il n’en demandait pas tant, Hamor. Quand Nebunedzar le mande à ses côtés ramené de force par le mercenaire Kingu, il ne sait pas encore que le roi veut se servir de lui pour expier sa propre faute, avoir tué son frère Abel. Il traîne au fil des siècles la malédiction que Yahvé a lancée contre lui. Seul Abel peut à son tour tuer Caïn. Le temps passe et le roi n’arrive pas à faire « craquer » Hamor qui a juré qu’il ne tuerait point. Quand ils partent détruire Jérusalem et donc affronter Dieu, ils ramènent les prêtres du temple qui maudissent Hamor de les avoir sauvés. Hamor va tomber amoureux d’un esclave avec la quelle il essaye de fuir. Échec et vengeance de Nebunedzar. La fin du drame approche.

Jusqu’à quand un homme peut-il résister à l’envie de se venger ? Comment expier une faute en se servant de l’horreur que l’on inspire ? Un drame très philosophique d’autant plus évocateur que le manipulateur va être finalement Dieu en personne, vieil ermite qui erre dans le désert. Le Tendre a transmis à travers ses Caïn et Abel revisités toute la montée en puissance de la violence et de la guerre au fil des siècles, de la culpabilité de tous les Caïn qui transforment les bons en meurtriers. Une leçon redoutable, une histoire envoûtante encore une fois magnifiée par le dessin brûlant et passionné de Sorel.

J’ai tué Abel, Vents d’Ouest, 15,50 €

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