Fin de la parenthèse, Sfar à cœur perdu et une exposition à l’espace Dali

Une digression romantique, un hommage à Dali, une balade dans un inconscient qui a du mal à remettre les pendules à l’heure, faut-il tenter de classer ou d’identifier le dernier album de Joann Sfar, Fin de la parenthèse ? Serait-ce aussi un avertissement, une sorte de bouteille à la mer pour montrer que désormais le Sfar nouveau est arrivé et qu’il redéfinit sa perception de l’art ? Allez savoir. Reste des pages et une histoire qui ont du charme et une tendresse qui émeut tout en déroutant parfois. Mais n’est-ce pas l’une des qualités des ouvrages dans lesquels un auteur se donne totalement, à cœur perdu ?

Fin de la parenthèseSalvador Dali, un talent en or qui a fait de l’or avec son talent et éventuellement la naïveté de ses semblables. Seaberstein abandonne sa fiancé sur une plage des îles lointaines et revient en France. Il a tout ce garçon et en prime une obsession, Dali, son héros qui va peut-être sauver la planète. Seaberstein est un artiste mal aimé et un soupçon maudit. Seul art peut éviter que l’on tombe dans le trou noir de l’obscurantisme religieux. Dali est le messie. Farida (qui a un petit air (volontaire ?) de Rachida D.) montre à Seaberstein Dali cryogénisé. Farida est dans la mode, la haute couture, celle des mannequins imbuvables et cela tombe bien. Elles ont des états d’âme et Seaberstein en cherche quatre pour les enfermer nues avec lui. Casting d’enfer et choix délicat, il va y arriver à trouver les perles qui vont embarquer pour l’accompagner dans un voyage destiné à retrouver le souffle de l’un des maîtres du surréalisme. Mais les escales à bord de leur maison coupée de tout ne vont pas se passer vraiment sans heurts, ni découvertes existentielles incontournables.

Et ce voyage on le fait avec Sfar et ses muses sans un instant de découragement ou d’ennui. Une vision de l’art qui se dévoile aux fils des pages, des femmes subtiles et ensorceleuses, un Dali féminisé, des esquisses enrichies avec intelligence des œuvres principales du maître, on ne peut pas rester insensible à ces tentatives spontanées que des champignons hallucinogènes exacerbent. Sfar a eu un autre talent, celui de donner à son dessin encore plus de force réaliste et onirique aussi. Un mélange subtil, franc, saupoudré d’érotisme à la sensibilité évidente.

A noter que Sfar s’expose à l’Espace Dali (11 rue Poulbot, 75018) à Paris.  Joann Sfar – Salvador Dali, une seconde avant l’éveil a lieu du 9 septembre au 31 mars. L’exposition est une invitation au « voyage immobile » d’un peintre et de ses modèles évoluant entre rêve et réalité, au fil de l’écriture en dessin de Joann Sfar. Dans un décor enchanté par les sculptures et objets surréalistes de Dalí et les créations Haute Couture de Schiaparelli qui ont inspiré l’artiste, plus de 200 dessins originaux, croquis, esquisses de Sfar sont à découvrir.

Fin de la parenthèse, Rue de Sèvres, 20 €

Fin de la parenthèse
J. Sfar ®
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