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Le Poids des Héros, une émotion rare et pure

Une histoire de famille, rare, celle de David Sala. Dans Le Poids des héros, tout en racontant son enfance, sa jeunesse, comment son grand-père a fuit le franquisme qui voulait sa mort, il fait comme on dit acte de mémoire à un moment où on en a plus que besoin. Croisement de destins, Résistance et Déportation, sacrifices, violence, fascisme, Sala est un témoin qui n’a rien demandé mais a su se lancer dans cette aventure sans pareille faite de souvenirs, de paroles entendues, de son propre regard. Son dessin depuis Replay jusqu’à Le Joueur d’échecs et maintenant Le Poids des héros est une belle et large progression, évolution qui explose au fil des pages. Lui le petit-fils de déporté, de résistant, de parents militants a réussi tout en s’impliquant à trouver aussi le ton libérateur qui fait de son album un moment d’une émotion rare et pure.

Antonio était dans la cavalerie républicaine et a été dénoncé. Les Franquistes veulent le tuer, il part en France et quitte les siens. Interné à Argelès puis enrôlé dans l’armée française en 1939, il est fait prisonnier par les Allemands, mis dans un Stalag puis déporté car Républicain espagnol à Mauthausen dont il sort en 1945. Quand bien plus tard, malade, Antonio est à l’hôpital et il se jure qu’il ne mourra pas avant Franco. Une famille unie, Antonio va rentrer chez lui. Un survivant quoiqu’il en soit à quatre ans de camp mais il meurt comme il l’a décidé, après le Caudillo. Sous son portrait peint à Mauthausen, caché sous terre et récupéré à la libération du camp. Un copain, Achour, propose à David de l’aider à laver des pare-brises de voitures. Ses parents refusent. David va entendre ce qu’a été le calvaire de son grand-père dont l’histoire doit survivre désormais à travers lui.

La vie et ses joies, ses drames, une paire de lunettes pour voir la TV en relief, un Walkman, l’horreur d’un meurtre, les commémorations, la survie dans le camp, David Sala aura aussi son autre grand-père en référence, espagnol, républicain que Vichy veut livrer aux nazis, qui comprend et rejoint la Résistance. Leur importance mémorielle est énorme. C’est aussi David l’auteur en devenir, le portrait qui va le guider et enfin cet album révélateur d’un passé lourd à porter mais incontournable, une histoire à transmettre. Un grand moment en tout point.

Le Poids des héros, Casterman, 24 €

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