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Rencontre avec Matz. Il a adapté le Dahlia Noir chez Casterman

Le Dahlia Noir est l’un des plus mythiques romans de James Ellroy. En l’adaptant, Matz (Le Tueur) a su rester fidèle non seulement à l’univers d’Ellroy mais surtout à celui du Los Angeles des années quarante. Matz avait envie d’adapter Le Dahlia Noir (Casterman). Un remarquable travail d’écriture appuyé par le dessin de Miles Hyman. Rencontre pour tout savoir sur ce Dahlia Noir à l’ambiance noire à souhait qui sort chez Casterman le 13 novembre.
Une exposition des planches de l’album signées par Hyman aura lieu à la Galerie Champaka à Paris du 8 au 30 novembre.

Matz lors de son dernier passage à Montpellier chez Azimuts. Photo JLT ®

Une vraie passion Ellroy pour vous, Matz ?

Oui, bien sûr. Et une vraie volonté d’adapter Ellroy. J’étais très intéressé par l’exercice. Adapter un roman que j’adore est une façon pour moi de passer un bon moment avec quelqu’un et un sujet qui me tiennent à cœur. Comme je l’ai déjà fait avec Nuit de Fureur ou Adios Muchachos.

Adapter c’est créer ?

Bien sûr. J’ai fait la traduction dans les deux sens. En français puis en anglais pour Ellroy de l’adaptation. Le Dahlia Noir est un roman très dense qui oblige à des choix scénaristiques. On a travaillé en duo avec Miles Hayman et avec Ellroy qui a validé le tout. Il n’était pas chaud du tout sur le projet au départ. Notre BD n’est pas un produit dérivé. On l’a voulu de haute qualité.

Qui est le vrai héros du Dahlia Noir ? La victime, les deux flics qui font équipe sur le meurtre ?

En fait c’est la ville de Los Angeles qui est le personnage principal avec le milieu du cinéma, les truands, les flics corrompus. Je connais bien Los Angeles. Elle a été bâtie par des voyous Le Dahlia Noir est une histoire atypique, très dense : une jeune femme tuée et défigurée dont ne saura pas qui est son meurtrier, un duo de policier aux motivations et aux relations équivoques, des femmes fatales. J’ai lu le roman plusieurs fois. C’est vraiment pour l’action une figure de proue de l’œuvre d’Ellroy. Il fallait choisir celui qui était le plus représentatif mais aussi le plus adaptable. LA. Confidential qui a donné un film remarquable s’y prêtait moins.

L’entreprise était risquée.

Un défi, une angoisse même si le choix me paraissait évident. Il fallait être vintage sans être rétro, original. Et bien sûr rester fidèle à l’esprit du bouquin. Tout en faisant des choix de coupes, des choix positifs et négatifs. J’ai pris deux angles. Les personnages mentent tout le temps et tout le monde se fout de la victime. Les politiques veulent briller, les flics sont médiocres et la victime est une pauvre fille. Sur 120 pages il fallait garder les dialogues. Les raccourcis sont toujours négatifs. On aurait pu faire deux tomes mais c’était difficile. On est resté sur un seul en augmentant la pagination.

Le Dahlia noir version luxe

Comment avez vous travaillé avec Hyman et David Fincher ?

J’ai fait un découpage case par case, très précis. Chaque page est composée de trois strips avec un rythme très cinématographique. J’ai travaillé en duo avec David Fincher, ce qui n’est pas rien, qui aurait du tourner le Dahlia Noir. Son film avec Tom Cruise aurait duré trois heures. Les producteurs ont pris peur. Fincher aime la BD. On a réfléchi au sujet. Il avait des idées sur le découpage en particulier sur la séquence mexicaine. Les dessins ont aussi été validés par Ellroy. Je vous ai dit que le scénario était en anglais. J’ai compté que dans le roman il y a 85 rôles importants. Je n’en ai gardé que la moitié. Je vous assure que j’étais angoissé quand j’ai envoyé le scénario à Ellroy. Mais quel plaisir.

Et après le Dahlia Noir ?

Le tome 12 du Tueur qui sort le 13 novembre, un XIII Mystery avec Rossi, l’adaptation de Né sous les coups de Martyn Waites, un western peut-être.

Le Dahlia Noir, Casterman, 20 €, version luxe 30 €

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