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Chères élites, vive les riches

Chères élites et ce cher François Ravard ont décidé de faire un bout de chemin ensemble. Une balade écrite par James et que Ravard a mis en images. Autant dire que les super-riches, les grands de la finance, ceux, qui comme ce PDG célèbre qui va toucher 27 millions de salaire par an et a, sauf erreur, une très, très belle maison près de là ou habite Ravard, vont avoir aussi le droit de s’agacer. Des portraits sous forme de planches au vitriol, pas vraiment décalés car le ton est juste, finement cinglant. Qui sont ces gros riches ? Des innocents aux mains pleines, des héritiers malheureux, des mégalos très heureux, des cyniques pervers ou simplement des cas rares de ce que notre société fait de mieux, ou de pire, dans la réussite talentueuse hors normes ? Car le pire, est-ce-que les riches ne sont pas indispensables à notre équilibre, à notre société ? Si il n y en avait plus, qui envierions ou maudirions nous ? Vive les riches. S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer. Qui paierait les travaux de Notre-Dame, hein, on y pense chez les pauvres ?

Une vie dure, difficile, éprouvante, un riche souffre, saute d’un avion à l’autre, investit des milliards, peut en perdre autant, ferme ou rouvre une usine. Enfin, une vie de gueux. On le voit dans les planches s’interroger, compatir ou au moins essayer de comprendre pourquoi les autres ne sont pas riches comme lui. Un comble. Le travail manuel est sa passion quand ce sont d’autres, les petits et les humbles, qui s’y collent. Travail, boulot, job, avant tout, un bas masqué en polo, génial. Car il a de l’humour le riche. Surtout le très riche, l’hyper-riche. Il flatte le cul de la vache et en oublie ses obligations maritales. Sacré riche. Un monde plus juste, faut pas rêver, ce serait sa perte. Il doit bien manger, saucer les plats, par respect pour les pauvres. Entendu, vrai, juré, vécu, « fini ta soupe et pense aux petits pauvres qui n’en ont pas ». En plus, ils sont petits les pauvres. Traumatisé dès l’enfance le riche.

Décroissance un investissement d’avenir, adresser la parole à un pauvre, acte courageux, Ravard et James remettent le couvert à chaque page. De l’humour au vitriol mais mine de rien, sur un dessin bien propre, soft, d’autant plus efficace. James ajoute cette part de poésie à contre courant que tout riche se doit d’avoir. Car enfin, un riche n’est-il pas un futur pauvre ? On en a vu. Et le rêve du pauvre n’est-il pas d’être riche. Merci la Française des Jeux. Un grand monument à la Sempé, Lauzier. Un joli album que Ravard, après ses paysages bretons, a du aller croquer du côté des belles villas de riches de ses « chères » côtes bretonnes.

Chères Élites, Fluide Glacial, 14,50 €

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