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Facteur pour femmes T2, dénouement

On avait eu plus qu’un coup de cœur il y a cinq ans pour ce Facteur pour femmes qui, en pleine guerre de 14, sur une île bretonne, avait remplacé car impotent réformé, physiquement, sentimentalement, les hommes partis à la guerre sur le continent. Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice étaient à la manœuvre de ce petit bijou dramatique. Il y a donc une suite, un livre 2, qui pose la vraie question : que sont devenues ensuite ces femmes, avec en prime un cadavre dans la placard, quand leurs maris, fiancés sont revenus en 1918 leur reprendre une indépendance vitale à plus d’un titre ? Au dessin Manu Cassier a bien pris le relais de Morice en plein Pagnol, pour ce huis clos insulaire qui va apporter son lot de surprises et de remises en question, poser la non-reconnaissance du travail, du courage des femmes sans lesquelles la guerre n’aurait pas eu la même issue.

26 août 1918, les femmes sont au cimetière sur la tome du facteur. Elles devaient revivre, oublier, reprendre leurs vies même si elles s’étaient affranchies. De quoi intriguer leurs maris revenus, faire attention à ce qu’elles disaient, toutes liées par un pacte de mort à vie. Leurs hommes sont encore bouleversés par ce qu’ils ont vécu dans les tranchées. En 1960, Simone se souvient de sa jeunesse en présence de Linette dont le père n’était autre que le petit facteur. Solange sa mère était commerçante et elle, avec toutes les filles du « vélo », avaient peur. Germaine était devenue garde-champêtre et retape le vélo de Maël le facteur accidenté, remettre les freins en état. Les années passent, les hommes ont du mal à retrouver leurs marques, dont Konan, le fils de Gaud, un abruti hargneux.

Un polar en fait, une enquête dont on connait les coupables et dont on découvre les états d’âme, les conflits intérieurs, les rivalités. Des femmes libres et qui veulent le rester. Elles vont aussi découvrir ce qu’a été la jeunesse du petit facteur bossu et pied-bot. L’histoire est bien écrite, riche, émouvante et prenante. Beaucoup de tendresse et des femmes complices malgré elles que Manu Cassier a bien fait vivre.

Facteur pour femmes, Tome 2, Grand Angle, 18,90 €

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