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Après l’enfer, réussir à revivre

Si les BD sur la guerre de Sécession ne sont pas rares, celles qui traitent de l’après-conflit ne sont pas fréquentes. On se doute bien qu’être dans le camp des vaincus, quand un conflit a été non seulement une guerre civile mais le summum d’une boucherie à grande échelle, ne peut être qu’une épreuve douloureuse. Damien Marie et Fabrice Meddour sortent Après l’enfer qui traite justement des années de plomb qui vont suivre la défaite du Sud. Un trio d’hommes et un duo de femmes vont avoir à survivre, se battre et tenter de se reconstruire. Tout en réglant des comptes parfois avec eux-mêmes.

Quatre ans de guerre, 1861-1865, 620 000 morts dans les deux camps, et des pertes civiles indéterminées, cela reste le conflit le plus meurtrier des USA. La Caroline du Sud a été un des états sudistes en première ligne. Dorothy a un chien, un couteau et une plantation dévastée. Hunk est un soldat sudiste défiguré, Zeke est un colosse et Hickory conserve dans son crâne des morceaux d’obus. Sa famille a été massacrée par les Nordistes. Dorothy s’est joint aux réfugiés. Les Yankee ont violé et tué sa mère qui a réussi à la cacher. Ils étaient 12 et Dorothy les piste. Quand elle rencontre Alice, petite fille épouvantée, elle lui dit que les 12 sont aussi passés chez elle.

Les perdants n’ont plus de droits mais peuvent se rebeller et avoir soif de justice. D’autant que la guerre ils connaissent et savent se battre. On est dans un environnement qui fait appel à des classiques comme Le Magicien d’Oz ou Alice au pays des merveilles. Où est le mal ? Où est le bien ? Comment la petite fille pourra-t-elle exorciser ses démons ? Le Klan apparaît et martyrise les Noirs. Le bayou n’est pas loin. On va y pénétrer. Ils sont cinq pour aller au bout de leur destin dans ce récit très posé, à la fois violent mais calme et serein face à l’horreur. On retrouve un Meddour au mieux de son dessin avec de belles couleurs. Un autre album pour conclure cette lente remontée de l’enfer.

Après l’enfer, Tome 1, Le Jardin d’Alice, Grand Angle, 14,90 €

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