Un voyage sans concession chez les mineurs de fond du nord de la France, à une époque où le charbon est roi, et les hommes esclaves dans les mines, Gueule Noire raconte le destin brisé d’un jeune garçon qui ne pourra éviter de descendre dans les galeries. Quand il s’en échappera ce sera pour aller vers pire encore. Antoine Ozanam signe le scénario bourré de désespoir de cet album que dessine d’un trait à la fois sobre mais percutant Lelis spécialiste de la couleur directe comme encrage. Le résultat est stupéfiant.
On y croit ferme à ce Marcel, idéaliste qui n’a rien à perdre et qui pourtant reviendra aux sources après avoir pratiquement tout vécu. Anarchisme, lutte contre l’oppression du capital, des jours meilleurs, on est dans ces années du début du XXe siècle où l’impossible est encore possible mais où la guerre, la grande, va sonner les trois coups d’un carnage et d’une révolution industrielle, sociale, sans oublier une grande révolution et quelques petites. Marcel, il s’en moque, il veut vivre. Petits métiers qui dureront jusque dans les années trente, la mine sauvage et dévoreuse d’hommes jusque dans les années 70, Gueule Noire a du Zola au fond de la gorge. Un découpage bien fait, et un dessin qui embarque dans une sorte de film en noir et blanc magique et désespéré.
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