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Tomoë, déesse de l’eau et samouraï

Il y a peu de femmes dans les sagas japonaises et encore moins de femmes samouraï. En reprenant la légende de Tomoë, princesse de l’eau et reine du sabre, Jack Manini embarque ses lecteurs dans un monde où réalité et fantastique se côtoient, où toute une culture finalement assez méconnue et très subtile se dévoile au moins en partie. Tomoë est dessinée par Tieko qui a signé la série Hindenburg. Beaucoup de passion et de fougue dans le trait et des décors qui dépaysent, étonnent et envoûtent.

Sayo a vu son village détruit et sa famille massacrée. En cette année 1461 des pirates menés par Yoshinaka sont venus piller la côte alors que la samouraï Hosokawa intrigue pour que son ami Yoshimi accepte de devenir le shogun du Japon. Si c’était Yamana le moine rouge qui était nommé la guerre serait probable entre les factions rivales. Sayo se bat contre les pirates car elle a été formée au maniement du sabre et qu’elle possède un katana qui lui vient de Tomoë, déesse de l’eau. Elle suit Yoshinaka qui veut l’épouser plus tard pour reformer avec elle le couple mythique qui a défié le pouvoir il y a deux siècles et dont ils sont les héritiers. Tout repose désormais sur Sayo. Mais avant Sayo et le fils de Yoshinaka suivent des cours de combat au sabre. Elle tombe amoureuse du jeune homme. Un moine lépreux s’intéresse à la jeune fille.

Jack Manini récemment à Bruxelles. JLT ®

Complots de cour, élimination violente des prétendants, duplicité des favorites et naïveté de l’héroïne qui pourtant découpe ses adversaires en tranches, cette épopée qui ne néglige pas les sentiments a à la fois du panache et un parfum poétique tout à fait dans la tradition japonaise. Il y aussi un côté shakespearien dans ce récit, confrontation du père et du fils, amour impossible, la mort omniprésente, politique sinueuse, symboles enchantés. On lira avec intérêt à la fin de l’album le dossier de huit pages sur cette authentique épisode où apparait Tomoë. Tout ceci peut paraître un peu complexe mais pirates, samouraïs, shogun forment un théâtre qui ne peut que séduire les amateurs d’action jamais gratuite et dont le seul but est pouvoir et gloire. Jack Manini a assuré une belle mise en scène appuyée par TieKo. Deux albums au total sont prévus.

Tomoë, Tome 1, Le Pirate Yoshinaka, Grand Angle, 13,90 €

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