Mangas sélection, politique, histoire, usurier et avocat

On en prend l’habitude de cette sélection de mangas qui, à nos yeux au moins sortent du lot et peuvent concerner un vaste public dont celui aussi des amateurs de BD franco-belge. Deux titres déjà suivis ou connus, historiques et politiques, Manchuria opium squad T8 et Raspoutine le patriote T3. On y ajoute plus polémiques et perturbants par aussi la violence intellectuelle ou sociale, Ushijma l’usurier de l’ombre T1 et Kujo l’implacable T1. Ces derniers titres ne sont pas à ne pas mettre entre toutes les mains mais donnent une vraie image du Japon d’aujourd’hui.

Raspoutine le patriote

Raspoutine le patriote c’est toujours le destin judiciaire d’un employé des affaires étrangères japonaises qui se retrouve mêlé à une affaire politique de faveurs diverses. Mamoru Yoshi surnommé Raspoutine est face au procureur de Tokyo. Trois premiers ministres à l’époque d’Eltsine, le rôle du Japon qui remet sa stratégie en place face à lui, puis Poutine, le lexique du ministère, Mamoru devient un pion important pour les ministres qui se succèdent. Mais il est au sein d’un complot d’état et en prison aujourd’hui. Il en sait beaucoup Mamoru et ce n’est pas autant qu’il collabore avec le procureur pour faire tomber son mentor, le ministre des Affaires Étrangères. Un superbe face à face passionnant sur la justice japonaise très éloignée de la nôtre, dessin très expressif adapté de Masaru Sato, Jungi Ito au manga et Takashi Nagasaki au scénario.

Raspoutine le patriote, Tome 3, Delcourt Tonkam, 7,99 €

Manchuria Opium Squad

Manchuria Opium Squad, le docteur Kwan a la police aux trousses en Mandchourie occupée. Elle est interrogée par un officier de la Kempeitai, la Gestapo nippone, qui menace de l’arrêter mais elle nie toute complicité avec Isamu Higata qu’elle dit mort. Il ne trouvera pas de Japonais balafré dans son bar, mais elle commet une erreur. Ce que lui démontre le policier obligé d’aller régler un incident au consulat. Haotian se souvient de la façon dont il a été pris au piège dans un trafic d’opium qui a permis de mettre son maître sous domination. Isamu doit fuir à nouveau. Haotian se rappelle ce qui a suivi après avoir fourni un opium trafiqué à son maître. Isamu faisait partie du complot. Un peu plus compliqué dans le récit où il faut bien suivre ce scénario dont l’un des personnage principaux est d’une rare cruauté, l’officier de la Kempeitai. Un manga de Tsukasa Monma et Shikako.

Manchuria Opium Squad, Tome 8, Vega Dupuis, 7,99 €

Ushijima, l’usurier de l’ombre raconte comment des joueurs invétérés tombent sous la coupe d’un homme sans le moindre scrupule. Ushijima a mis au point un système imparable, des intérêts sur les sommes prêtées impossibles à rembourser par cumul. Ils a mis sous sa coupe des petites gens et explique son système au jeune Tadaka qui rejoint sa société. Qui est sous l’autorité de Madame sa commanditaire. Car ce sont les Yakuzas les maîtres. Une jeune femme a besoin de 300 000 yens pour rembourser sa banque. Ushijima lui en donne 50 000. Elle en a besoin car dans son entreprise pour ne pas devenir une employée harcelée, il faut suivre la mode, participer aux voyages. Il finit par lui accorder le prêt mais il faudra rembourser 450 000 yens dans dix jours. Comment va-t-elle faire et si elle ne peut pas, l’usurier a une autre solution ignoble. On a un peu de mal tant la violence mise en scène par Shôhei Manabe est sourde. On espère qu’il y aura un gentil chevalier blanc mais pas sûr.

Ushijima, l’usurier de l’ombre, Tome 1, Kana, 7,55 €

Kujo l’implacable est avocat. On a une description particulièrement éprouvante du système judiciaire nippon. Les avocats se battent pour les autres. Un cyclo qui portait un gamin est renversé par Morita qui veut faire réparer sa voiture pour dissimuler l’accident. Il lui faut un bon avocat, Taiza Kujo. Il était ivre et jouait sur son téléphone. Les flics le sauront en se connectant. Il risque 10 ans mais Kujo prend les choses en main pour avoir le sursis. Dissimulation volontaire de preuves, tout est possible avec l’avocat qui sait que le procureur ne peut pas prolonger la garde à vue plus de 20 jours. La victime est décédée mais était-il vivant au moment de l’accident ? L’enfant a perdu une jambe. Lui et sa mère auront le minimum. Un avocat agit sans principe ni idéologie. Édifiant mais Kujo va passer la vitesse supérieure pour une autre affaire cette fois très tordue. Shôhei Manabe encore pour ce titre dur.

Kujo l’implacable, Tome 1, Kana, 7,55 €

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