C’est plus qu’un symbole, plus qu’une œuvre d’art à la puissance évocatrice colossale, Guernica est un témoignage incontournable des débuts de l’horreur, de ce que va devenir le monde dès 1939 jusqu’à Hiroshima. Et aujourd’hui encore. Quand on demande à Picasso un tableau pour mettre en exergue la République espagnole, il est sans grande inspiration. Il faudra attendre le bombardement de la ville basque en 1937 pour que son génie, bouleversé par les faits, s’épanche dans cette fresque géante tourmentée. Bruno Loth (rencontré au festival de Sainte Enimie) et Corentin Loth aux couleurs signent la genèse du tableau à travers le massacre de la population civile de Guernica. L’auteur va suivre Picasso mais aussi des anonymes, des femmes, des hommes dans les ruines du village martyr. Un album à l’italienne, richement documenté et écrasant de vérité.
Picasso a trouvé son inspiration sans que pour autant son Guernica mette un terme à la colère meurtrière des hommes. Dora Maar photographiera chaque étape de la fresque qui frappe quand on la voit par sa taille. Il peindra pendant trois semaines d’affilée. Coventry, Dresde, Hambourg, et combien d’autres villes ont été aussi des Guernica, de tous les côtés des belligérants. Rien n’a a beaucoup changé encore aujourd’hui en Syrie. Bruno Loth (John Bost) donne une réalité terrifiante et humaine au massacre. Le trait est bien posé, précis, émouvant, pudique quand il touche à la détresse de ses victimes innocentes et sacrifiées. Un album qui fait acte de mémoire, rappelle ou apprend que la folie des hommes est insondable. On retiendra aussi sur le thème, Double 7 de Yann et Juillard qui complète bien le sujet.
Guernica, La Boîte à Bulles, 19 €
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